Your browser is not up to date and is not able to run this publication.
Learn more

expressément sa garantie de prêts à des critères environnementaux. En coulisse, le Medef met déjà la pression pour assouplir quelques règles environnementales jugées pénalisantes pour une reprise rapide de l activité économique.

Accélérer la rénovation énergétique des bâtiments Dans le secteur immobilier, la question climatique reste attachée à celle de la facture énergétique. Dans son dernier rapport, le HCC demande notamment d accélérer la rénovation énergétique des bâtiments. Il rejoint les préconisations des concepteurs de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) qui projette que le parc de logements privés atteigne le niveau « basse consommation » (BBC) d ici 2050, et celles des particuliers réunis dans la Convention citoyenne pour le climat, qui proposent de rendre obligatoire la rénovation énergétique globale des bâtiments d ici à 2040, et d ici à 2030 pour les « passoires thermiques », ces logements étiquetés F et G pour leurs faibles performances énergétiques. « Notre ambition est de passer d une rénovation par petits gestes et à petits pas à une rénovation globale (toit, isolation, fenêtres, chauffage et VMC), en multipliant par trois le rythme des rénovations », écrivent-ils. Cela représente environ 20 millions de logements à rénover de manière globale, dont 5 millions de « passoires thermiques », ainsi que des bâtiments tertiaires et publics, qui devront atteindre un niveau de performance A, B ou C. Le think tank The Shift Project s inquiète des objectifs « très ambitieux » affichés. « L effort principal est mis sur les travaux de rénovation thermique, dont le rythme annuel doit fortement croître bien que celui-ci demeure pour l instant en deçà des objectifs actuels. La cible est très ambitieuse et présente un risque élevé de ne pas être atteinte, particulièrement en l absence de mesures fortes », écrit-il dans sa contribution à la consultation de la stratégie bas carbone. Ces mesures fortes, ce sont par exemple l interdiction de toute nouvelle mise en location d un bien d étiquette F ou G du DPE énergie, la mise en place d un grand service à la rénovation avec un guichet unique local ou encore le financement massif de la rénovation thermique des logements, « sans oublier les ménages les plus aisés qui peuvent tirer le marché vers le haut ». « Le rythme proposé des rénovations requiert des actions à court terme, sans quoi le retard accumulé devra être rattrapé par des rythmes encore plus élevés, donc plus incertains et moins optimaux économiquement parlant », prévient The Shift Project, en attente d une feuille de route « précise et chiffrée ». Le think tank est également septique sur les propositions de la SNBC en matière d urbanisme, articulées uniquement sous l angle de la zéro artificialisation nette. « L urbanisme a des effets forts sur la mobilité, pourtant la SNBC ne l aborde que sous l angle de l artificialisation des sols et non de l étalement urbain ou de la répartition fonctionnelle de

l espace », regrettent les experts du Shift Projet qui demandent d ajouter des indicateurs d urbanisme en lien avec la mobilité.

Lutter contre les collapsologues Le risque également est de propager l idée de certains tenants de la collapsologie de limiter les échanges pour lutter contre le risque climatique. « Si l on continue à dire aux gens que la crise actuelle est bonne pour l environnement, on finira par installer l idée que la lutte contre le changement climatique implique la mise à l arrêt de l économie », alerte François Gemenne. C est tout le contraire que prône le gouvernement dans sa Stratégie nationale bas carbone, faisant le pari d un découplage entre économie et émissions de CO . « Or, le découplage n a jamais été observé à l échelle mondiale, notamment à cause de l apparition d effets rebonds », s inquiètent les experts de Shift Project. Ils ont fait les calculs. Avec une hypothèse de 1,4 % de croissance annuelle du PIB entre 2020 et 2050 et la réduction de la consommation d énergie finale sur le même intervalle de temps de 140 Mtoe/an à 80 Mtoe/ an, il faudrait que l intensité énergétique du PIB baisse de 3,1 % par an en moyenne. C est deux fois plus que la baisse annuelle enregistrée au cours des 20 dernières années. « Comment s assurer que le pouvoir d achat dégagé par les efforts de sobriété et d efficacité ne se reporte pas vers des biens et services carbonés quand, indépendamment de ces efforts, la consommation des Français augmente en valeur absolue, car elle est tirée par un PIB croissant par hypothèse ? », interroge le think tank. Des hypothèses qui restent tirées de la situation avant le déclenchement de la crise du Covid-19. Quels seront les impacts du « jour d après » sur ce scénario ? « Même au regard du choc économique majeur qui se profile, la Stratégie nationale bas carbone reste un point de repère essentiel dans la mobilisation de l économie en faveur du climat », insiste l Institute for Climate Economics dans son dernier rapport. La crise du coronavirus et le changement climatique « sont deux problèmes fondamentalement différents, qui appellent des réponses différentes », souligne François Gemenne. « Il n y a pas de vaccin contre le changement climatique », rappelle à juste titre l universitaire.

« Covid-19 : cette crise sanitaire est une conséquence du dérèglement environnemental »

Parole à Ella Etienne-Denoy, CEO de Green Soluce

Accédez au rapport du HCC

Parcourir la contribution du

think tank The Shift Project

Voir la vidéo

Mai 2020 #165 Magazine Business Immo | 24

L ESSENTIEL DE L IMMOBILIER / GRAND ANGLE