CLIMAT, CE NOUVEAU RISQUE À PRENDRE EN COMPTE

Le risque climatique se fait de plus en plus pressant. Désormais concret, visible et prévisible, il appelle à l action. Poussés en ce sens par les politiques et le grand public, les investisseurs tendent à intégrer ce nouveau risque à leurs réflexions.

Par Inès Beaugé et Sophie Distel

Le changement climatique n est plus une hypothèse, c est un fait. La planète se réchauffe. Les émissions de gaz à effet de serre ont plus que doublé depuis 1990 et continuent d augmenter. Le régime des précipitations a évolué, avec une accélération des sécheresses comme des précipitations extrêmes. Le niveau des océans augmente. La banquise fond quand d autres lieux s enflamment de la forêt amazonienne à l Australie Le changement climatique se manifeste partout par des aléas naturels qui dégradent l environnement, occasionnent des dommages aux biens, des perturbations sociales et économiques, et causent et causent quelque 4,1 milliards de victimes blessées, décédées ou devenues sans-abri) selon l UNISDR (Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes, 2015). En 30 ans, les pertes économiques liées aux événements naturels ont triplé. Durant l année 2017, marquée par les ouragans qui ont frappé les Caraïbes et les États-Unis, les catastrophes naturelles ont coûté plus de 300 Mds$ (et seules 30 % des pertes étaient assurées). Et si l avenir reste incertain dépendant notamment des efforts qui seront ou non faits pour atteindre les objectifs fixés durant les COP21, Accord de Paris et autres rendez-vous internationaux , une chose est sûre : la suite ne présage rien de bon. Toutes les projections des scientifiques promettent une augmentation de la fréquence et de l intensité des événements extrêmes. Des événements qui suscitent l émoi à l échelle planétaire et ont entraîné une prise de conscience accrue pour les questions environnementales de l opinion publique, notamment de la jeunesse, mais aussi des politiques Et, par ricochet, du monde de la finance et des investisseurs.

Une finance sensibilisée La conscience du risque provoqué par le changement climatique s est accrue chez les acteurs de la finance au cours de la dernière décennie. En 2017, l Asset Owners Disclosure Project (AODP) révèle dans son Global Climate Index, que 60 % des 500 principaux investisseurs institutionnels (représentant 27 000 Mds$ d actifs) et 70 % des 50 premiers gestionnaires d actifs mondiaux (avec 43 000 Mds$ d encours sous gestion pour le compte de leurs clients) rendent publiques des informations sur le risque climatique lié à leurs investissements. Le sujet de la résilience se fait peu à peu une place, et ce jusque dans les rangs de l immobilier. « Restons rationnels ! Tout au bout de la chaîne de valeur, l investisseur a besoin que son immeuble soit utilisé le plus longtemps possible ! Ils attendent donc désormais des bâtiments valorisables sur le long court (et donc sobres, flexibles, modulaires, etc.), mais respectant également les attentes d aujourd hui et de demain des utilisateurs ! Nous avons vu des applications comme Yuka révolutionner les pratiques de consommation de tous en matière d alimentation. Tout le monde scrute le score environnemental de son panier. La réflexion climatique est d ores et déjà nécessairement au cœur de la conception de tout projet immobilier », analyse Clémence Béchu, directrice du développement, partenariats et innovation de l Agence d architecture Béchu & Associés. « Je suis convaincue que demain les textes réglementaires urbains intégreront l obligation pour tous les fabricants de la ville de se référer à un opérateur du climat urbain. »

Un problème complexe, des paramètres multiples Les investisseurs ont donc désormais besoin de données sur leur empreinte carbone, mais aussi sur la vulnérabilité ou résilience de leurs actifs. Ils sont en quête d indicateurs de suivi et prospectifs Mais la question est complexe, car multivariable ! Entrent en compte des données physiques et chimiques liées

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27 | Magazine Business Immo #165 Mai 2020

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