Your browser is not up to date and is not able to run this publication.
Learn more

autorités nationales seront certainement plus strictes et renforceront leurs politiques, augmentant le risque financier pour les investisseurs qui ne participent pas à la démarche. » Et parce que le business est aussi une affaire de réputation, le risque de voir les exigences du grand public croître fortement en la matière ne doit pas non plus être négligé

Des sous-jacents exposés Et puis bien sûr, au-delà du risque de transition, le changement climatique fait courir au marché un risque « physique ». Selon l indice mondial des risques climatiques 2019, produit par Germanwatch, la France serait le pays européen le plus exposé aux risques climatiques. Et comme le rappelle l Institut de l épargne immobilière et foncière (IEIF), « les portefeuilles financiers sont directement impactés via leurs sous-jacents. Le changement climatique expose les sous-jacents real estate à de nombreux risques, allant d une perte de clients à une augmentation des charges et jusqu à une dépréciation des actifs. La valeur des portefeuilles peut donc être impactée ». En effet, plusieurs aléas menacent : - les changements des précipitations (inondation, pluie de grêlon, mais aussi sécheresse...) et autres tempêtes ; - les vagues de chaleur dont vont particulièrement souffrir les citadins, de plus en plus souvent et longtemps... avec des répercussions sur le confort, mais aussi sur les modes de vie, la santé des populations et l usage de l espace urbain ; - le risque accru d incendie, qui menacera 50 % des forêts métropolitaines dès 2050. L immobilier s avère particulièrement vulnérable. La non-adaptation coûtera cher Enfin, si les investisseurs pensent souvent à réduire leur impact dans leurs projets à venir, trop peu s attèlent aujourd hui à l adaptation de leur parc existant, pourtant indispensable autant qu urgente. Le troisième risque serait donc celui de la non- adaptation. Même le Sénat le souligne dans son rapport « Adapter la France aux dérèglements climatiques à l horizon 2050 : urgence déclarée » : « L adaptation aux changements climatiques constitue pour notre pays un enjeu à la fois urgent et majeur, qui va nécessiter une mobilisation soutenue durant plusieurs décennies. » Pourtant, bien peu d investisseurs l ont en tête. Lors d une récente étude, l Observatoire de l immobilier durable (OID) a établi un état actuel des stratégies d adaptation dans l immobilier. Le premier enseignement de ce sondage est que presque aucune n avait été formulée avant 2018. La prise de conscience est donc plus que récente. D une manière générale, un tiers des acteurs sondés ont une stratégie d adaptation désormais. Et cela devrait évoluer rapidement, puisque la moitié des sondés ont prévu d en définir une prochainement. Les stratégies d adaptation actuelles pointent en général vers l horizon 2030, se calant ainsi sur les Objectifs du développement durable (ODD) lancés par les Nations unies en 2015. Parmi les freins les plus couramment évoqués, on retrouve trois éléments récurrents : le manque de financements disponibles, le

LA VAGUE DE CHALEUR COMME SOUCI MAJEUR Voilà un sujet hautement sensible. Comment gérer les vagues de chaleur demain, en ville ? Si les villes sont les premières responsables du changement climatique compte tenu de leur production de gaz à effet de serre, elles en seront aussi les principales victimes. Et les vagues de chaleur seront l un des aléas à gérer, préviennent les acteurs de l immobilier durable. À l origine de décès, de problèmes sanitaires, mais aussi de baisse de productivité, de perturbation des réseaux et infrastructure et de besoin d énergie accru, les vagues de chaleur causent bien du tort. Alors, que ce soit à l échelle urbaine (création d espaces verts, de points d eau, etc.), du bâtiment (bâtiment bioclimatique, passif ou climatisé ) ou encore des organisations et des usages (horaires décalés, télétravail, etc.), toutes les pistes devront être étudiées, pour adapter nos villes à cette nouvelle donne estivale.

manque de consensus entre les différentes parties prenantes sur la question climatique, et le manque de connaissances sur les risques et les priorités à définir.

Investir pour demain « C est effectivement souvent lorsqu il faut investir que le bât blesse », reconnaît Ella Etienne-Denoy, CEO de Green Soluce. « Les investisseurs ont longtemps cherché une forme de valeur verte . Or ici, il s agit de payer aujourd hui pour ne pas perdre demain Mais c est la seule chose à faire, car le coût de l adaptation n est rien en comparaison de celui de la non-adaptation ! », prévient-elle. Selon l Initiative financière du programme des Nations unies pour l environnement (Unepfi), le coût global de l adaptation varierait entre 140 et 300 Mds$ par an d ici 2030 et entre 280 et 500 Mds$ par an d ici 2050. Or, le coût de la non-adaptation est bien plus élevé : à titre d exemple, d ici 2070, plus de 150 millions de personnes et 35 000 Mds$ d actifs immobiliers situés dans les plus grandes villes portuaires du monde devront faire face à un risque d inondation accru. « De plus, investir dans l adaptation au changement climatique des bâtiments présente d autres avantages : réduction des dommages dus aux conditions météorologiques, réduction des dépenses de services publics, meilleure expérience des locataires, réduction des problèmes de santé et stabilité des dépenses d exploitation À long terme, les avantages incluent même la possibilité d attirer davantage de capitaux privés et d investissements institutionnels à mesure que les réglementations se mettront en place pour orienter ces capitaux dans la lutte contre le changement climatique », estime Loïs Moulas, directeur général de l OID. Le changement climatique n est plus un phénomène lointain ou incertain. Ses stigmates sont déjà là. « Ils transforment la géographie physique et humaine de la France et font peser sur nos existences des contraintes et des risques tangibles », nous rappelle le Sénat. Le risque est donc pour aujourd hui. Et il réside dans l inaction.

Accéder à la fiche Aléa - Vague de chaleur de l OID

Mai 2020 #165 Magazine Business Immo | 32

L ESSENTIEL DE L IMMOBILIER / GRAND ANGLE