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Benjamin Teboul

« Nous devons notre capacité de résistance à la crise à notre modèle hybride »

Business Immo : Comment se porte Deskeo en cette période trouble de crise sanitaire ? Benjamin Teboul : Depuis le début du confinement, nous avons dû gérer beaucoup d incertitudes, notamment au niveau de nos clients qui avaient peu de visibilité. Mais aujourd hui, après de très bons trimestres au Q4 2019 et au Q1 2020, notre modèle tient face à une crise assez considérable. Nous devons notre capacité de résistance à notre modèle hybride, avec une part importante de grands comptes, des entreprises du CAC 40, des clients internationaux qui ouvrent des bureaux à Paris et même des start-up financées de façon conséquente. Deskeo est très différent des acteurs du coworking qui

Certains opérateurs de coworking se distinguent en cette période de crise par leur capacité de résistance. Deskeo en est l exemple. Considéré, à tort, uniquement comme un opérateur de coworking, l entreprise surmonte la crise grâce à un modèle hybride. Benjamin Teboul, cofondateur de Deskeo, nous en livre les clés.

Propos recueillis par Mehdi Touazi

s adressent aux TPE : les entreprises de moins de dix salariés ne représentent que 10 % de notre chiffre d affaires. Sur les derniers mois, nous avons acquis une clientèle complètement différente, avec une taille moyenne de 60 à 80 personnes.

BI : Quelles sont les caractéristiques de Deskeo qui permettent de surmonter cette crise ? BT : Aujourd hui sur le marché, nous sommes quasiment l unique opérateur à proposer un produit de service et de flexibilité tout en maintenant les espaces confidentiels et privatifs pour nos clients. Au regard du coworking classique, qui propose souvent des contrats courts, nous avons l avantage de nous engager sur des contrats longs, d une durée moyenne comprise entre deux ans et demi et trois ans. Nous répartissons également notre risque sur une multitude d actifs et proposons un produit proche de celui d un bailleur traditionnel, avec un guichet unique pour l accompagnement et une offre qui s adapte à la croissance (ou à la décroissance) d une entreprise.

BI : Quelle stratégie comptez-vous adopter dans les semaines à venir ? BT : Avec cette crise, les bailleurs sont conscients que l utilisation de leur patrimoine va s opérer de façon différente.

Nous souhaitons donc nous rapprocher d eux pour gérer leur patrimoine tertiaire, depuis l aménagement des immeubles jusqu à la vacance totale ou partielle des actifs. Après le confinement, les investisseurs se rendront compte très vite que leurs clients manquent de visibilité. Ce qui m incite à penser qu à l avenir, les bailleurs préféreront sans doute confier leurs surfaces en location ou en contract management à des opérateurs comme Deskeo, qui pourront ensuite gérer la relation avec les locataires et leur apporter un service à forte valeur ajoutée. Nous souhaitons également accompagner les nombreuses entreprises qui devront supporter une phase de décroissance et seront réticentes à l idée de s engager sur le long terme au moment du renouvellement de leur bail. Enfin, post-confinement, nous considérons que certaines entreprises vont recourir au télétravail de manière régulière pour au moins 30 % de leurs effectifs. Mais cela passera par des phases de test, plusieurs itérations seront nécessaires pour trouver la bonne formule. Deskeo permettra justement d organiser ces expérimentations. Nous aurons la capacité d accueillir ces entreprises et de les accompagner dans l évolution de leurs modes de travail ainsi que dans l optimisation de leurs mètres carrés alloués aux bureaux.

doubler son parc. Au-delà du cas WeWork, « la crise va surement entraîner une période de consolidation des acteurs du coworking dans un marché qui est finalement très récent et donc peu mature », estime Philippe Morel.

Un modèle fragilisé Pourquoi le coworking résiste-t-il si mal à la crise  ? La flexibilité, l un des arguments clés du modèle, se retourne contre lui, selon Philippe Morel. « Le coworking est basé sur des contrats et des engagements courts, avec des pré- avis généralement d un mois ou deux maximum qui facilitent le départ des entreprises. » Cependant, l espoir n est pas perdu pour le coworking, qui compte avant tout sur sa flexibilité pour capter la demande d entreprises plus que jamais frileuses pour s engager sur des baux à long terme. Contraintes par le confinement et le recours massif au télétravail, les entreprises n ont d autre choix que de repenser leur modèle pour assurer la

continuité de leurs activités. « Avant la crise, une tendance de sous-consommation des espaces tertiaires avait été initiée, précise Philippe Morel. Avec la crise, les grands utilisateurs vont dans les prochains mois arbitrer radicalement leurs prises à bail, et certainement les réduire. » « L émergence d une offre flexible d espaces de tra- vail est une opportunité à saisir pour le marché. Les entreprises vont faire de plus en plus attention à leur consommation de cash. Les immeubles où elles n auront pas à investir dans des travaux parce qu ils sont déjà aménagés ou que l offre de service y est présente vont devenir plus attrac- tifs aux yeux des utilisateurs  », pronostique Guillaume Savard, fondateur du cabinet Upside Partners. « La reprise sera forte pour le coworking », affirme Clément Alteresco, avec des entreprises en attente de solutions court termistes et rentables au moindre mètre carré près. Le coworking n a donc pas encore rendu les armes. Waterloo est encore loin, mais le soleil d Austerlitz ne s est pas encore levé.

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296 lieux de coworking

en Île-de-France

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Mai 2020 #165 Magazine Business Immo | 54

EN COUVERTURE / DÉFI N°1 : CONFINEMENT : LA « DRÔLE DE GUERRE » ÉCONOMIQUE EN COUVERTURE / DÉFI N°1 : CONFINEMENT : LA « DRÔLE DE GUERRE » ÉCONOMIQUE