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Commerce et hôtellerie en première ligne face au coronavirus Les secteurs du commerce et de l hôtellerie sont les premiers impactés par la stratégie du « Grand Confinement » qui prévaut dans le monde. Fermeture oblige, ils ont vu la quasi-intégralité de leur chiffre d affaires s évaporer en un instant, fragilisant par rebond tout l écosystème immobilier.

Par Gaël Thomas

chalandise qui va au-delà du bassin de vie et qui génère des déplacements et des contacts que nous ne voulons pas encourager », a rappelé Édouard Philippe à la tribune de l Assemblée nationale. Le Conseil national des centres commerciaux (CNCC) a pudiquement réagi en promettant que ses adhérents « s attacheront à comprendre les raisonnements et modes de calcul retenus puis à apporter les réponses attendues par les préfets ». Dans les colonnes du Monde, son président Jacques Ehrmann s émeut de «  cette idée surannée ( ) de penser que les gens font encore aujourd hui 100 km pour aller dans les centres commerciaux ». L Allemagne a fait le choix de rouvrir progressivement les commerces non essentiels en fonction de la taille du magasin. Ceux de moins de 800  m2  sont ouverts au public dans des conditions sanitaires strictes, avec des règles de distanciation physique et le port du masque qui devraient s imposer à tout le monde.

L hôtellerie à la cave Dans l hôtellerie, la situation n est guère plus enviable. Les quelques données qui remontent en matière de RevPar (Revenue Per Available Room) ou de GOPPAR (Gross Operating Profit Per Room) font froid dans le dos. « Les performances en Europe ont aussi inévitablement piqué du nez », souligne le fournisseur de don- nées dans l hôtellerie, HotStats. Le GOPPAR a enregistré en mars une baisse record de 115,9 %, la plus forte baisse en un an depuis avril 2009, lorsque le GOPPAR avait chuté

de 37,9 % en pleine crise financière mon- diale. « C est la première fois depuis que HotStats a commencé à suivre les données européennes mensuelles en octobre 1996 que le GOPPAR en valeur est devenu négatif à -8,33   », ajoute le fournisseur de données. Le RevPar, lui, tombe de plus de 66 %. Les données de STR (Smith Travel Research) vont dans le même sens, avec une chute abyssale des taux d occupation des hôtels dans le monde et un effondrement du RevPar qui atteignait 75 % à Paris fin mars, l une des villes européennes les plus affectées. « À Paris, après un pic d occupation quotidien de 84 % le 17 janvier lors du lancement de la Semaine de haute couture, le taux d occupation est resté supérieur à 50 % jusqu au 3 mars : la baisse a commencé dès le 1er mars pour attendre 1,8 % le 17 mars dans un contexte de fermeture des frontières de l Union européenne à la plupart des citoyens non européens  », souligne l IEIF dans sa dernière note de conjoncture. Tous les autres indicateurs de l industrie hôte- lière sont à la cave. Les données montrent que le Covid-19  frappe les revenus et les profits trois fois plus fort que la grande crise finan- cière de 2008 et quatre fois plus fort qu au len- demain des attentats du 11 septembre 2001. En Europe, la marge bénéficiaire de l industrie hôtelière a baissé de 45 % pour entrer en ter- ritoire négatif à -13,1 %. Là encore, une pre- mière dans l histoire statistique de HotStats. Mais, le plus impressionnant peut-être, c est que ses statistiques ne portent que sur le mois de mars.

EN COUVERTURE / DÉFI N°1 : CONFINEMENT, LA «DRÔLE DE GUERRE » ÉCONOMIQUE

Dans le commerce, les opérateurs vivent l inimaginable : des footfall qui s effondrent de 80  à 90 % dans les centres-villes où la circulation des personnes est strictement réglementée et qui sont même tombés à zéro dans des centres commerciaux obligés de fermer. « Pas de flux, pas de chiffre d affaires », commente un professionnel. Et pas de chiffre d affaires, pas de loyers y ajoutent les représentants de commerçants tout aussi remontés sur la question des loyers qu inquiets sur la situation de leurs adhérents. Hors ali- mentation, le choc est sévère pour un secteur fragilisé, en France, par l interminable crise des Gilets jaunes et la grèves des transports publics en décembre dernier. Les enseignes du com- merce spécialisé ont vu leur chiffre d affaires baisser de -55 % sur le mois de mars 2020 et -96 % depuis le 15 mars, rapporte le Procos. Signe que le virage du digital n a pas été totale- ment pris par la plupart des enseignes. Ces dernières, à l instar des bailleurs, concentrent maintenant toute leur attention sur la réouverture du 11  mai. La stratégie de déconfinement annoncée par le Premier ministre Édouard Philippe a déçu les uns, laissé sceptique d autres. Si la majorité des commerces «  non essentiels  » pourra rouvrir le 11  mai, les cafés et restaurants devront attendre, a minima, le 2  juin. Plus éton- nant est le régime d exception prévu pour les centres commerciaux. Ceux de plus de 40 000 m2 pourraient rester fermés sur déci- sion du préfet au motif qu ils ont « une zone de

Global Hotel Profit Rocked by COVID-19 March 2020 Regional YOY % Change in Goppar and TRevPAR

APAC Europe United States Middle East

Global Goppar YOY % Change -110,2 % -117,8 % -115,9 %

-110,6 % -98,4 %

-75,3 % -61,6 % -62,1 % -61,7 %

Goppar YOY % Change TRePAR YOY % Change Source : HotStats

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57 | Magazine Business Immo #165 Mai 2020