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près plusieurs semaines de confinement et de ralentissement économique, les entreprises sont à la peine. « La gestion de la trésorerie a été un souci immédiat. Et alors que l État a

annoncé une prise en charge généreuse du chômage partiel pour préserver l emploi, l immobilier reste pour elles un poids financier considérable, souvent le deuxième poste de charge le plus important », rappelle JLL. « L escalade des demandes de franchises de loyers (initiée dans le secteur du commerce) a été telle que le gouvernement a modifié la loi de finances 2020, votée le 23 avril, permettant aux bailleurs de déduire fiscalement ces mesures d accompagnement exceptionnelles. » Dans leur dernière étude, les investisseurs confirment qu ils ont été très largement approchés par leurs clients sur ces sujets. 77 % déclarent que leurs locataires ont cherché à négocier des franchises de loyer pour la période du confinement, 24 % ont reçu des demandes de réduc- tion de loyers sur la durée résiduelle du bail et autant ont eu des demandes de réductions de surfaces. Vides, les bureaux représentent une ligne de coût diffi- cilement supportable pendant le confinement. Et sur- tout, le tertiaire a opéré un passage massif au télétravail pour faire face à la crise. Précieux outil de poursuite de l activité, il a su démontrer son efficacité malgré son impréparation. Il n en fallait pas plus pour que pleuvent les articles annonçant la mort imminente du bureau. Une prédic- tion nourrie par les annonces successives de différents grands comptes. De Facebook à Twitter en passant par le plus surprenant PSA, ils sont plusieurs à avoir décidé de faire de la présence au bureau l exception et non plus la règle, pour la totalité ou au moins une large part de leurs salariés. Le « total remote » comprendre « 100 % télétravail » est sur toutes les lèvres. La France entière prendra-t-elle définitivement la direction du home office ? Rien n est moins sûr Au sein d un secteur tel que l immobilier, inscrit dans un temps long, on peut même dire que ces décisions très médiatisées sont jugées hâtives. Voire précipitées.

Total remote pour tous ? Bien sûr, le télétravail a fait ses preuves. « Il n est plus une mode, une demande, un phénomène marginal regardé de près. Il est devenu une réalité. À marche forcée et sans préparation, mais en faisant montre d une certaine effica- cité ! La demande des collaborateurs était déjà forte depuis longtemps. Mais beaucoup d entreprises restaient réfrac- taires. Elles ne s exonéreront plus d une certaine flexibilité sur le sujet Avant-hier il a permis aux entreprises de fonctionner malgré les grèves, hier pendant le confinement et demain, d autres crises suivront crue centennale, cani- cule, pollution Le télétravail offre une forme d agilité qui restera utile », consent Jean-Frédéric Heinry, président d Altarea Entreprise Studio, entité dédiée à la conception des immeubles tertiaires du groupe Altarea. Sa montée en puissance pourrait avoir de nombreuses conséquences. « Jusqu à la possibilité de redessiner les cartes de nos territoires. Ainsi, toutes les villes dans un rayon de 100 à 250 km, voire à une heure de TGV des grandes métropoles, pourraient devenir des lieux d habitation pos- sibles pour les télétravailleurs », imagine Sylvain Hasse, Head of Corporate Services de BNP Paribas Real Estate. « Alors, bien sûr, l optimisation du coût immobilier va se poursuivre, avec des schémas directeurs qui intégreront sûre- ment une montée en puissance du télétravail. Mais cela n est pas synonyme de la fin du bureau ! », rappelle-t-il. Un avis largement partagé.

Télétravail et injustices sociales Beaucoup soulignent que le home office a aussi montré ses limites. « Une très grande partie des entre- prises tertiaires françaises ont mis en télétravail leurs salariés, mais aussi en activité partielle, car celle-ci était conditionnée à l impossibilité de pratiquer le télé- travail. Cela montre que de dernier n est pas possible pour tout le monde et pour tous les métiers », constate Emmanuelle Baboulin, directrice de la foncière ter- tiaire d Icade. Thomas Georgeon, directeur général de la Société de la tour Eiffel, rappelle également les expériences passées d IBM et autres Yahoo. Eux aussi s étaient lancés dans le total remote. Avant de le regretter « Il a fallu s adapter à une situation de crise et le ter- tiaire l a fait avec succès. Avant le confinement, les questions sur l organisation du télétravail devaient s ap- précier au cas par cas. Aujourd hui, nous nous trouvons dans une tout autre configuration, puisqu il s agit d une organisation de masse . Cependant, si cette solution devait perdurer et que nous étions condamnés à éternel- lement télétravailler, cela poserait un certain nombre de problèmes. » Thomas Georgeon s inquiète d abord pour la santé mentale des travailleurs. Mais aussi pour les entreprises qui se retrouveraient vite dans des situations compliquées. « Le home office peut être discriminant. Nous ne télétravaillons pas de la même façon selon la qualité de son logement et de ses équipe- ments, sa situation familiale, son accès à des services de proximité Cette situation crée de l injustice sociale. Et manager des personnes en home office nécessite de faire du cas par cas et de trouver un juste équilibre entre la vie personnelle et professionnelle des collabora- teurs. » Pour lui, « ces deux mois écoulés ne devraient en aucun cas dicter les schémas directeurs immobiliers des entreprises ». D autant qu avec le déconfinement, « on observe une farouche volonté des collaborateurs de revenir sur leurs lieux de travail, malgré les craintes liées à la reprise des transports en commun », souligne Emmanuelle Baboulin.

A GRAND ANGLE / BUREAU : RÉSEAU OU RAISON SOCIAL(E) ?

Accéder à l étude de JLL

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Juin 2020 #166 Magazine Business Immo | 16