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Dans le cas de la France, le déconfinement du 11 mai sonne comme une renaissance pour les commerces, mais la situation n est pas gagnée pour autant2. Les premières don- nées témoignent d un rebond de la consom- mation, plus significatif que ceux observés en Espagne ou en Italie. Toutefois, une ana- lyse détaillée des données françaises appelle quelques remarques : 1) La hausse de la consommation post-11 mai mesurée par les dépenses, par cartes bancaires notamment, concerne essentiellement les achats de biens durables, des dépenses non effectuées faute de confinement. Le graphique ci-dessus montre en effet que ce sont les sec- teurs de l électronique, automobile et autres qui sont passés en régime positif. En revanche, les dépenses de consommation associées à l ensemble des autres secteurs restent en deçà de leur régime moyen. 2) Les commerçants ont choisi une stratégie active de promotions pour se « refaire » et engager activement une reprise, comme en attestent les déflateurs de la consommation. 3) Les données témoignent d un effet de rattrapage, plus qu un retour à la tendance.

2- L hybridation commerce physique et digital a été renforcée au profit du e-commerce pendant le confinement, et la digitalisation s est accélérée de manière forcée, pour le plus grand confort des consommateurs. L écosystème physique-digital a pris tout son sens, puisque même les petits commerçants ont pu préparer les commandes en ligne et agir comme des click-and-collect pendant la période de confinement : durant cette période de suspension, certaines petites librairies se sont organisées, même si la démarche est plus symbolique que profitable. D une manière générale, il faut éviter que certains comportements d achats en ligne « ponctuels » ne deviennent structurels chez les consommateurs, avec un effet d éviction accéléré des petits commerçants par les grands, voire d une désertification des centres-villes.

4) En outre, le rebond technique observé sur ces 15 premiers jours ne doit pas faire oublier les données tangibles de contraction de la consommation telles que mesurées par la comptabilité nationale des mois de mars et d avril. Ces données donnent le vertige tant les dépenses ont dévissé : -55 % pour les biens durables sur mars et avril 2020 com- parativement à leur niveau sur un an, dont -67 % pour le textile et l habillement, -50 % pour l équipement personnel, -45 % pour l équipement du logement, des activités hébergées en pieds d immeubles, centres commerciaux ou parcs d activités.

Temps court versus temps long Cette remarque est essentielle dans la période de discussions et de concorde entre locataires et propriétaires. Le rebond observé est celui du temps quasi immédiat, deux semaines, à opposer aux deux mois

de pertes sèches et au temps plus long, celui du bail et de l « équilibre coopératif » entre locataires, bailleurs et commercialité de la localisation et de l actif. Même si le niveau d épargne en France culmine désor- mais à 60 Mds , cette épargne ne sera pas instantanément dépensée : une partie de la demande, notamment en services, est per- due de manière irréversible. Pour retrouver leur niveau d avant crise, il faudrait ima- giner un scénario de « frénésie de consom- mation », plus qu un « revenge shopping » puisque les dépenses devraient, au total, être multipliées par 1,5 : plus spécifique- ment, par quasi sept dans le textile et l ha- billement, par trois dans l équipement de la personne, par 2,5 dans l équipement du logement. Ce scénario est pour l instant antagoniste avec les messages envoyés par les indicateurs de confiance des ménages. Ces quelques éléments d analyse décryptent

-100

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60

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-100 -80 -60 -40 -20 0 20

Baisse des dépenses de consommation (%)

B aisse des dépenses

de consom m

ation depuis le 11 m

ai 2020 (% )

Biens marchands

Dépenses totales

Alimentaires

Sources: Données Nationales

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100

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01/01 01/05 01/09 01/01 01/05 01/09 01/01 01/05 01/09 01/01 01/05

Equipement Logement

Alimentaire

Totale

Textile

Sources: Données nationales

« Dans le cas de la France, le déconfinement du 11 mai sonne comme une renaissance pour les commerces, mais la situation n est pas gagnée pour autant »

Consommation des ménages Base 100 début 2017

Baisse des dépenses de consommation (%)

EN COUVERTURE / COMMERCE, UNE REPRISE À QUITTE OU DOUBLE

Juin 2020 #166 Magazine Business Immo | 28