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Pour ou contre : Faut-il continuer de construire des projets immobiliers de commerce ?

Le commerce, chahuté depuis quelque temps tant par les nouvelles attentes des consommateurs que par le désamour des investisseurs, n a pas été épargné par la pandémie de Covid-19 ni

par le confinement qui a suivi. Alors, faut-il continuer de développer des projets immobiliers de commerce ? Nous avons posé la question à Gontran Thüring, délégué général du Conseil national

des centres commerciaux (CNCC), et à Maxime Combes, porte-parole de l Association pour la taxation des transactions financières et pour l action citoyenne (Attac).

Par Inès Beaugé

« Le marché est arrivé à maturité »

« Signe d un marché devenu mature, aucun nouveau centre commercial au sens de la définition européenne du terme (plus de 5 000 m2, plus de 20 boutiques et gestion centralisée) n a ouvert ses portes en 2019 en France. Le développement du secteur repose donc sur de nouveaux retail parks et sur la rénovation-extension des centres commerciaux existants qui ont en moyenne près de 30 ans d âge. Une extension est d ailleurs sou- vent le moyen de financer une rénovation et de valoriser ainsi l ensemble d un centre agrandi, comme on a pu l observer en région francilienne avec les projets récem- ment ouverts ou en cours de Vélizy 2, Créteil Soleil, Évry 2 ou encore Les 3 Fontaines », déclare Gontran Thüring, délégué général du Conseil national des centres commerciaux (CNCC). Des rénovations qui

vont dans le sens d un renouvel- lement du parc, avec l arrivée de programmes plus verts, mieux insérés dans le tissu urbain, plus riches en services, plus mixtes aussi... « Notons enfin que les équipements commerciaux jouent de plus en plus un rôle logistique pour répondre à l évolution de la demande de distributeurs et de consommateurs devenue omni- canale , ce qui permet d alléger la facture financière et environne- mentale du dernier kilomètre », affirme-t-il avant d ajouter : « Certes, le consommateur aspire à la proximité au quotidien, mais il cherche aussi de l évasion. De

fait, les centres commerciaux et retail parks de nouvelle génération ne sont plus seulement des lieux d approvi- sionnement, mais d expériences et de passions partagées. Et si on se prend à rêver, dans un futur très proche, le centre commercial pourrait redevenir, comme l était l échoppe médiévale, un atelier de création et de fabri- cation grâce aux nouvelles technologies comme l im- pression 3D. »

« Il est temps de repenser notre rapport au temps, à l argent et à

notre consommation »

« La France n a pas besoin de nouveaux mètres car- rés alloués à des projets immobiliers de commerce. C est l un des pays les plus dotés en centres commer- ciaux d Europe, ayant connu une explosion des mètres carrés construits dans les années 1980/1990, bien au-delà de ce qui aurait pu se justifier par l évolution démogra- phique ou la hausse du pouvoir d achat des Français », martèle Maxime Combes, porte-pa- role de l Association pour la taxation des transactions finan- cières et pour l action citoyenne (Attac). Pour lui, la construc- tion de nouveaux centres com- merciaux n est pas non plus le souhait des consommateurs. « On remarque aujourd hui que les Français aspirent à un com- merce de proximité et boudent les grands bâtiments homogènes et sans humanité. Si cela a un lien évident avec les mesures res- trictives du confinement, il n est cependant pas exclu que cela s installe dans la durée. » Avant même la question sur la fréquentation des centres commerciaux, pour Maximes Combes, le problème réside dans la construction et dans la répartition des richesses. « Des études environnemen- tales bâclées aux territoires non respectés les grandes foncières construisent là où cela les arrange sans vrai- ment se pencher sur les problématiques territoriales. Et le pire dans tout ça, c est qu elles y parviennent sans dif- ficulté. Chez Attac, nous appelons les pouvoirs publics à renchérir le coût de la construction de nouveaux mètres carrés, rendre difficiles les projets non respectueux du territoire, des enjeux sociaux, etc., afin de limiter la rentabilité financière de ces grands mastodontes au profit des producteurs et commerçants. Il est temps de repenser notre rapport au temps, à l argent et à notre consommation. »

GONTRAN THÜRING Délégué général du

Conseil national des centres commerciaux

(CNCC)

MAXIME COMBES Porte-parole de

l Association pour la taxation des transactions

financières et pour l action citoyenne (Attac)

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45 | Magazine Business Immo #166 Juin 2020

EN COUVERTURE / COMMERCE, UNE REPRISE À QUITTE OU DOUBLE