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Après un cru 2019 exceptionnel, l immobilier de commerce a connu un trou d air avec 600 M investis au 1er trimestre 2020. De quoi préfigurer, à l ère du coronavirus, d un jeu de chaises musicales orchestré par les investisseurs sur différentes typologies d actifs retail ?

Par Aurélien Jouhanneau

Le constat est sans appel. Et il nous est dressé par Fabrice Fubert, Managing Partner d Up ! Real Estate : « Nous ne sommes pas en mesure de quantifier la demande des investisseurs institutionnels ou privés lors des 3e et 4e trimestres 2020. » Jusqu'à présent et ce malgré le contexte défavorable avec l interminable grève de décembre 2019, le mouvement des Gilets jaunes l immobilier de commerce tri- colore avait réussi l exploit de capter plus de 6 Mds d investissements l an dernier. Mais c était sans compter sur les effets néfastes du coronavirus. Le tout saupoudré d un confi- nement de près de deux mois et le trop-plein d incertitudes à l échelle internationale. Résultat : le 1er trimestre 2020 a connu un trou d air avec 600 M injectés sur cette classe d actifs dont un tiers concerne l acquisition du Cifa par Mata Capital à Aubervilliers (225 M ). « Avant la crise sanitaire, nous étions optimistes pour réaliser une année 2020 potentiellement meilleure

que 2019, avec entre 6,5 et 7 Mds prédits à l investissement, explique Christian Nehmé, Co-Head of Retail, Investment & Leasing chez Savills France. De fait, le calendrier s élargit avec des dossiers repoussés à 2021. » « Si le contexte est difficilement comparable, rappelons que la baisse avait été de 75 % en 2008 (1,2 Md investis), embraye Antoine Grignon, codirecteur Capital Markets de Knight Frank France. Quant au point le plus bas des 20 dernières années, il date de 2001 avec à peine plus de 600 M engagés en France. » Au-delà du reflux attendu sur les montants injectés pour 2020, le Covid- 19 entraînera-t-il un grand chamboule-tout sur les actifs les plus recherchés ? A fortiori, la réponse est, dans un pre- mier temps, négative. « La crise sanitaire accentue les tendances déjà préétablies depuis plusieurs années », stipule Vanessa Zouzowsky, Head of Capital Market Retail de Cushman & Wakefield. À com- mencer pour les retail parks en périphé-

rie des villes. « L attraction pour ce produit devrait se ren- forcer à deux égards. D abord, par son modèle architectural résilient, avec des parkings très accessibles et des règles sanitaires plus faciles à mettre en place que dans un centre commer- cial, abonde Fabrice Fubert. Ensuite, par son modèle écono- mique adéquat face à la baisse pressentie du pouvoir d achat des Français et des coûts modérés et avantageux pour les enseignes qui accélèrent la rationalisation de leurs mètres carrés. » Malgré le contexte anxiogène, plu- sieurs pitchs ont été orches- trés sur ce segment dont un dossier à plus de 100 M . Selon nos sources, au lende- main du déconfinement, un fonds géré par Atland Voisin a signé le Shopping Park à Coulommiers pour environ 14 M . Pour sécuriser le deal,

Investissement : le grand chamboule-tout ?

Le secteur Saint-Honoré ne connaît pas la crise

La rue du Faubourg-Saint- Honoré à Paris n en finit plus de faire chavirer la tête des investisseurs ! Avec ou sans coronavirus. Après la signature du flagship Berluti par AEW pour près de 150 M et un taux de rendement aux alentours de 2,5 % à l automne dernier, deux trophées hight street retail pourraient rapidement faire le bonheur de nouveaux acteurs. Au numéro 6 de la célèbre rue parisienne, l opus hébergeant la grille italienne Prada basculerait dans le giron du gérant d actifs immobiliers Invesco Real Estate. « La signature de promesse de vente est proche », confie un observateur de ce secteur. Selon nos sources, le montant de la transaction se rapproche des 300 M . Soixante mètres plus loin, à l angle de la rue Boissy- d Anglas, l immeuble hébergeant Lanvin Femme serait scruté par la famille Hermès qui détient déjà le 24 rue du Faubourg-Saint- Honoré où se love le flagship de sa célèbre marque. « La teneur de ce deal off market d une centaine de millions d euros demeure totalement secrète », poursuit la même source. Si ces deux transactions viennent à se confirmer, la rue du Faubourg- Saint-Honoré réussira l exploit d attirer quelque 550 M en l espace de sept mois.

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Rues commerçantes Centres commerciaux régionaux Retail parks

Évolution des taux de rendement « prime »,

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Source : Knight Frank

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51 | Magazine Business Immo #166 Juin 2020

EN COUVERTURE / COMMERCE, UNE REPRISE À QUITTE OU DOUBLE