La finance immobilière se met-elle vraiment au vert ?
Ne pouvant faire autrement que de composer avec un péril climatique aux conséquences annoncées et déjà vécues, la finance agit, de plus en plus, dans une optique de transition bas carbone. Dans
l immobilier aussi, les investissements se veulent désormais responsables sur le plan environnemental. Est-ce suffisant pour circonscrire le risque climatique ? État des lieux.
Par Alexandre Foatelli
En matière de prise de conscience de l enjeu climatique et d une transi-tion bas carbone, l année 2015 fut un tournant en France. Au mois d août, l article 173 de la loi relative à la transition énergétique impose la transparence sur les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) aux investisseurs institu- tionnels. Le point culminant est atteint en décembre, lors de la signature de l Accord de Paris, à l issue de la COP21, qui a donné une véritable impulsion à la finance « verte » avec l objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre suffisamment pour limi- ter le réchauffement de la planète à 2 °C, voire 1,5 °C. Mais près de cinq ans après,
les politiques des pays signataires paraissent insuffisantes et les États-Unis de Donald Trump ont quitté le navire. Résultats : les émissions mondiales de CO2 n ont cessé de croître pour atteindre 37,1 milliards de tonnes en 2018 (+2,7 % sur un an). Pourtant, une étude publiée mi-avril dans Nature Communications atteste que le non-respect des objectifs de l Accord de Paris pourrait coûter jusqu à 600 000 Mds$ d ici la fin du siècle. A contrario, l écono- mie mondiale pourrait voir des gains de 336 000 à 422 000 Mds$ en respectant les objectifs de + 2 °C ou + 1,5 °C respecti- vement. Si les États sont en première ligne pour investir massivement et donner des
orientations claires et fermes dans la réali- sation des objectifs environnementaux, la finance privée a son rôle à jouer, notam- ment la finance immobilière. Le World Green Building Council affirme, en effet, que tous les bâtiments devront être « nets zéro carbone » d ici 2050 si l on veut res- pecter l Accord de Paris. Cette notion désignant un bâtiment à haute efficacité énergétique et dont toutes les consomma- tions d énergie opérationnelle proviennent uniquement d énergies renouvelables.
Parcourir l étude de Nature Communications
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33 | Magazine Business Immo #167 Juillet 2020
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