net de frais. « Nous avons voulu rendre acces- sible aux clients particuliers l investissement direct dans les énergies renouvelables réservé habituellement aux clients institutionnels et répondre à la demande des épargnants de par- ticiper à la transition énergétique », précise Matthieu Poisson, directeur des investisse- ments infrastructures chez Amundi.
Quelles marges de progrès ? Les bienfaits de ces initiatives sont-ils suffisants ? Dans un rapport paru en juin, l Institut de l économie pour le climat (I4CE) pointait un écart toujours impor- tant entre les besoins de financement de la transition écologique et le niveau actuel de financement accompagnant celle-ci. « Au cours des dernières décennies, les acteurs financiers ont pris de nombreuses initiatives pour promouvoir l investisse- ment responsable et la finance durable . Et il est incontestable que la finance verte/ durable s est rapidement développée et a progressivement adopté des objectifs plus ambitieux. Mais il faut également recon- naître que les impacts sur le financement de la transition bas carbone sont loin d être à la hauteur de la lutte contre le changement climatique », souligne le rapport. L investissement responsable ne fait que croître, et « aujourd hui, les émissions "vertes" commencent à être pricée avec un bonus quand elles ont un effet ver- tueux sur l environnement », se réjouit Victoire Aubry. « La finance est d ores et déjà très active, mais il demeure un poten- tiel considérable, parce que le marché des green bonds est le tout début de l histoire. Le carcan est encore rigide et ne permet pas aux acteurs de s engager davantage. Pourtant, encore plus dans un contexte post-Covid, la dynamique va s accélérer », poursuit la directrice financière d Icade. Un constat que ne partage pas Laurent Morel : « Je crains fort que, sur un sujet qui demande tellement de formations, on ne puisse plus progresser par l accumulation de nouvelles normes. D autant que les bons référentiels existent, notamment en Europe avec la TCFD et le travail du Technical Expert Group (TEG). Il faut aller au bout des outils réglementaires et de reporting existants. » « Que peut-on attendre de la finance durable ? Il s agit à la fois d améliorer la performance, la qualité et la résilience des immeubles financés, tout en pouvant bénéficier de taux plus attractifs que les fonds qui ne sont pas engagés dans cette démarche. Aujourd hui, le monde de la finance a envie d avoir des codes, partagés à l échelle internationale, sur ces sujets. C est notamment pour cela que Covivio se conforme aux recommandations de la GRI (Global Reporting Initiative), de l Epra, de
la TCFD et du SASB ainsi qu aux objectifs développement durable de l ONU, pour plus de transparence et de comparabilité. » Une démarche que suit également Icade, dans la recherche de standards communs à d autres outils de finance durable (voir encadré ci-dessous). « La finance n est ni en avance ni en retard par rapport au reste de la société. Globalement, la finance durable progresse, extrêmement vite, jamais assez vite à l égard de l enjeu, certes. Il demeure le risque que, par facilité ou souci d économie, la finance se contente d un label ou d un green bond, alors que ce n est que la pre- mière étape. Il faut investiguer le sujet et accep- ter de passer du temps, d investir en données et en formation, nuance néanmoins Laurent Morel. Le premier outil pour les investisseurs est leur propre jugement et leur propre réflexion. Pour aborder la problématique de la transition bas carbone, il leur faut une bonne compréhen- sion des enjeux et de la façon dont les acteurs du secteur où ils veulent investir s en emparent ». Si elle veut montrer qu elle a pleinement saisi l urgence de l enjeu climatique, la finance durable devra donc passer à l étape d après.
À la recherche de nouveaux outils financiers
En 2018, Icade a rejoint le Corporate Forum of Sustainable Finance, qui réunit 22 autres émetteurs, pour promouvoir les investissements responsables auprès des autorités financières supra nationales comme la BCE. « À cette occasion, nous avons réalisé que d autres acteurs commençaient à être essoufflés dans leur capacité à émettre des green bonds, faute d actifs éligibles et compte tenu de la rigidité du mécanisme de fléchage des fonds, garants certes de la robustesse de la démarche, mais qui figent les bilans des entreprises. Nous réfléchissons donc depuis près d un an et demi à des solutions alternatives pour venir compléter le dispositif des green bonds. Ces dispositifs alternatifs ne présenteraient peut-être pas des critères aussi précis et complexes, mais une approche plus large et plus globale de la finance verte », relate Victoire Aubry, CFO d Icade. C est le cas des Sustainability-linked bonds, lancés en 2019, qui visent à labelliser une entreprise de manière plus globale et sans fléchage d actifs, sur la base d objectifs RSE. Selon le score obtenu et son évolution chaque année sur ces objectifs, les entreprises bénéficient d un bonus ou d un malus sur le paiement des dividendes.
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Juillet 2020 #167 Magazine Business Immo | 36
EN COUVERTURE / CLIMAT : L HEURE DU VIRAGE ?