À titre d exemple, Amundi Immobilier a rédigé en 2010 une charte ISR (investis- sement socialement responsable) auditée par un tiers externe, pour ses acquisitions et la gestion de son parc immobilier. Cette charte reprend la politique ISR d Amundi pour l appliquer à ses actifs immobiliers. Ainsi, pour être considéré comme ISR, un fonds géré par Amundi doit satisfaire plu- sieurs principes de gestion. Pour renforcer ses initiatives liées aux changements climatiques, Amundi a cal- culé l impact carbone de ses cinq fonds grâce à l expertise de Trucost, leader mon- dial de la recherche environnementale et de la fourniture de données carbone. Cela permet de satisfaire les demandes relatives à l article 173 de la loi sur la transition énergétique du 17 août 2015 sur la prise en compte des émissions de CO2 liées aux actifs sous gestion et de développer des stratégies innovantes permettant de réduire l empreinte carbone des porte- feuilles d investissement. « En ce qui concerne l analyse purement immobilière de nos actifs, la charte s articule autour de plusieurs outils. D abord, les due diligences réalisées pour l étude technique ou environnementale des actifs acquis ; ensuite, un outil d évaluation de la per- formance environnementale des immeubles en gestion, qui permet d identifier les forces et faiblesses des actifs pour cibler au mieux les pistes d amélioration économiquement viables et ayant un réel impact. Cette charte, utilisée quotidiennement par les équipes tant dans la phase d investissement que d asset management, est respectée par les partenaires et fournisseurs du groupe. Toutes les parties prenantes mandatées par les fonds à vocation ISR y sont également initiées, doivent la respecter et la faire respecter », déclare Sandrine Lafon-Ceyral, direc- trice de l asset management chez Amundi Immobilier.
Manque d harmonisation Cependant, il s avère difficile d auditer un portefeuille entier sans embûches. D une part, car chaque actif diffère en fonction de sa taille, de sa localisation, de son usage, etc. « Un des outils qui tend à se développer dans ce cas, c est le big data, provenant de différents acteurs et qui permet de collecter et de suivre des informations comme le taux de vacance et de satisfaction des occupants, le taux de recyclage des déchets, etc. », détaille Ludovic Chambe, directeur du dévelop- pement durable chez CBRE.
Difficile, d autre part, car il n existe pas d uniformatisation des démarches com- parables entre chaque pays. « Les mon- naies sont différentes, les surfaces ne sont pas comptabilisées de la même manière d un pays à l autre. Par exemple, 1 kW en France n a pas le même impact carbone que 1 kW en Allemagne. Il s avère donc compliqué pour un acteur paneuropéen, par exemple, d auditer l ensemble de son portefeuille de la même façon. Le cas par cas s impose encore aujourd hui comme la règle », souligne Ludovic Chambe. Cependant, pour Arnaud Doré, il est essentiel que les acteurs économiques se mettent à ces audits. « L engagement des investisseurs s avère primordial, car si le monde économique n investit pas dans la lutte contre le changement climatique, il y a un risque d inaction de la part d autres acteurs. Si l on reste dans le domaine de l inconnu pour les investisseurs, il n en demeure pas moins important qu ils prennent conscience que l efficacité énergétique reste un investisse- ment sur le long terme, certes, mais rentable. Investir dans l efficacité énergétique permet de compenser les émissions de leurs actifs, une action non négligeable par les temps qui courent », conclut Arnaud Doré.
« L engagement des investisseurs s avère primordial, car si le monde économique n investit pas dans la lutte contre le changement climatique, il y a un risque d inaction de la part d autres acteurs »
- Arnaud Doré, EcoAct
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Juillet 2020 #167 Magazine Business Immo | 38