insistent pour aller à l encontre de la réso- lution du problème climatique devraient être tenus responsables. Dans ce contexte de réalité physique et scientifique et de shift stratégique, c est l industrie entière qui doit se mobiliser pour changer d approche. Nous sommes aujourd hui beaucoup plus sollicités par les investisseurs que dans les années pré- cédentes pour mettre en place leur straté- gie RSE à travers une méthodologie bien définie. Cette stratégie vient répondre aux obligations fiduciaires des asset managers. Les deux éléments les plus récurrents dans l identification des risques matériels des entreprises sont le carbone et le bien-être social. Nous les aidons à mettre en place des plans d action de neutralité carbone à plus ou moins long terme et des outils pour mesurer la valeur sociale de leurs investissements ou opérations pas néces- sairement quantifiable de manière moné- taire mais en utilisant d autres indicateurs de performance. Ne pas avoir une stratégie RSE aujourd hui est risqué. C est l équiva- lent d avoir un véhicule performant sans aucun système de navigation. Certains fonds de pension, tels qu APG en Hollande, ont mis en place un comité d investissement dans lequel la personne en charge de la RSE a un droit de veto. Il en résulte que la levée de fond avec une prise en compte vis-à-vis du climat est vouée au succès et représente une fantas- tique opportunité. J irais même jusqu à dire qu il faut être fou aujourd hui pour ne pas considérer l opportunité monumen- tale que représente la nouvelle économie. La RICS restait jusqu à présent relati- vement inactive concernant la prise en compte de la durabilité dans les proces- sus de valorisation des biens immobiliers. Il y a encore un an, les cabinets d exper- tise ne prenaient pas en compte la valeur ajoutée liée à la mise en place de stratégies de réduction des émissions de CO2 et de future proofing. Cependant, à partir du 31 janvier 2020, la RICS a introduit un changement fondamental selon lequel les experts sont obligés de prendre en compte la durabilité dans le processus de valori- sation des biens immobiliers. Cela veut dire que les actifs non certifiés ou qui ne seront pas en mesure de démontrer une performance et une gestion des risques climatiques adéquats pourraient faire l ob- jet d une décote. À l inverse, nous savons aussi que les revenus liés à la génération d énergies renouvelables sont experti- sés en utilisant un taux de capitalisation
entre 5 et 7 % ou bien que la réduction des charges contribue à la rétention des locataires et, de ce fait, à l augmentation de valeur des actifs. L opportunité est donc elle aussi réelle. Pour retenir et optimiser la valeur intrin- sèque des actifs, il est en outre recom- mandé de mettre en place un système de gestion des données techniques digital (comme Deepki par exemple) de bench- marker ces données en utilisant des sys- tèmes de certification comme outil d asset management, et d avoir un système de reporting de performance extra financière solide. Sans connaissance granulaire, il est impossible d activer le changement de manière systémique. Viennent s ajouter la mise en place de trajectoire de neutralité carbone, de plans de gestion des risques physiques, et la mise en place d objectifs dans la durée pour intégrer l innovation dans le cycle de vie de chaque investis- sement. Cette démarche doit être mise en place dès le processus d acquisition à travers des rapports de due diligence de durabilité (DDD). Elle permet d avoir un impact positif sur les portefeuilles et assu- rer la conformité avec la taxonomie euro- péenne acceptée en décembre 2019 par les États membres. Plus que jamais, l immo- bilier connaît une période dynamique de changement et pleine d opportunités pour contribuer à la transition vers une écono- mie plus responsable et inclusive en assu- rant la pérennité des actifs dans le temps.
« Les preneurs de décisions qui insistent pour aller à l encontre de la résolution du problème climatique devraient être tenus responsables »
Juillet 2020 #167 Magazine Business Immo | 42
EN COUVERTURE / CLIMAT : L HEURE DU VIRAGE ?