Quatre enjeux, quatre solutions
Îlots de chaleur, consommation énergétique, matériaux et procédés de construction Du début à la fin de son cycle, l immobilier dispose de plusieurs solutions pour réduire
son impact sur le climat. Qu elles soient en plein essor ou attendent encore d être industrialisées et massifiées, focus sur quelques solutions existantes.
Par Alexandre Foatelli
Conception
Dans le BTP, les principes du Cradle to Cradle (C2C, « du berceau au berceau » en français) permettent de concevoir un bâtiment ou un produit en pensant en boucles de matières fermées : d un côté les produits biodégradables qui iront dans le cycle biologique, et de l autre les produits techniques non biodégradables qui vont rentrer dans le cycle technique. L objectif est de réduire au maximum les déchets tout en préservant la qualité des matériaux. Pour l investisseur et le constructeur, cette démarche permet de réduire les coûts de construction, créer de la valeur ajoutée et augmenter la valeur marchande du bien. Pour l utilisateur, il profite ainsi de bâtiments flexibles et adaptables, préparés aux cycles de conversion et de remplacement dès la planification. En coopérant depuis 2013 puis en s associant fin 2019 avec EPEA, le cabinet de conseil en immobilier et en construction Drees & Sommer applique les principes du C2C. L entreprise a été missionnée par Vinci pour L Archipel, son futur siège de 64 000 m2 à Nanterre. Objectif : 30 % des matériaux utilisés devront être C2C ou équivalent. Sur le projet « ZIN » développé par Befimmo à Bruxelles, dans lequel deux tours font l objet d une rénovation lourde sur 110 000 m², la démarche C2C a permis de conserver 63,4 % des matériaux et de réutiliser 1 200 t, pour seulement 4,7 % éliminés.
Matériaux
Le domaine de la construction est le principal utilisateur de matières premières dans le monde, loin devant les besoins de l énergie. L étude « Bio World Resource Benchmark » menée en 2015 par les Arts et Métiers Campus de Cluny et BioBuild Concept soutenue par l Ademe, la DHUP et l Arene Île-de-France pointait que, depuis un siècle, l extraction des matériaux de construction a été multipliée par 34, et que le béton était, après l eau, la matière la plus consommée dans le monde. Par ailleurs, la production mondiale de ciment émettait à elle seule de 5 à 6 % des gaz à effet de serre (GES) des activités humaines. Face à ce constat, l utilisation de matières premières issues de la biomasse peut apporter un ensemble de réponses pertinentes à ces besoins. Renouvelables par
nature, stockant durablement du carbone, demandant généralement peu d énergie de production (énergie grise) et vecteurs de développements locaux, les matières premières biosourcées sont adaptées à la fabrication de produits de construction performants et variés. Cela comprend, bien sûr, l exploitation des forêts pour le bois, mais aussi les sous-produits liés à l agriculture (paille de céréales ou d oléagineux, cosses de riz ou d arachides, palmes, etc.) ou certaines algues qui peuvent fournir de l énergie (comme au Smart BIQ House, à Hambourg). Les écosystèmes aussi peuvent être vecteurs de ressources : l étude souligne
que l exploitation de certaines espèces invasives permettrait de réguler la prolifération tout en transformant une nuisance en ressource. Mais pour se
développer, les filières de matériaux biosourcés locales se heurtent aux contraintes et réglementations de la construction, qui nécessitent un important travail de
structuration de ces filières.
47 | Magazine Business Immo #167 Juillet 2020
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