EN COUVERTURE / VERS DES VILLES DURABLES ET DÉSIRABLES
intentionnelle » d après Ariella Masboungi3. Il devient pourtant le levier de la redynami- sation urbaine et un enjeu d intérêt public. Un nouvel horizon serait de penser le pied d immeuble comme le prolongement de la vie en ville, de favoriser le caractère continu d un plancher commun, « de concevoir des rez- de-ville qui ne soient pas l addition de rez-de- chaussée d immeubles », mais plutôt une ville vue du sol, des usages, autrement dit, « un urbanisme d itinéraires et non de périmètre »4, faisant écho à la ville du quart d heure avec des parcours confortables qui accompagnent la vie quotidienne. Les activités commerciales en constituent la partie la plus visible, mais les linéaires com- merciaux ne peuvent plus à eux seuls activer les socles des villes, l acte marchand offrant dorénavant différents canaux de distribution « dans la ville, hors la ville, et sans la ville »5.
Espaces verts et espace public, armature de la ville du rez-de-chaussée La ville a été façonnée pendant des décennies par les idées modernistes d une époque de l avènement de la consommation de masse, de l abondance de la ressource pétrolière, et d un modèle de société où la voiture, acces- sible à tous, garantit à chacun son autonomie en reconfigurant nos notions de distance. Nos modes de faire la ville, hérités de ce for- malisme et de la séparation des fonctions et des statuts, sont réinterrogés à l aune de l enjeu climatique. La pression constante pour aller vers un monde décarboné, vers une ville hybride praticable et respirable, va 3- 2011, 40e édition de l Atelier Projet Urbain 4- D après David Mangin et Rémi Ferrand, Revue Urbanisme, n°414, Le droit au rez-de-ville 5- id.
« L urbanisme tactique et l urbanisme transitoire questionnent notre capacité à planifier et réguler la flexibilité dans nos projets si figés, et nous invitent à déconstruire nos automatismes pour favoriser la vitalité de nos villes »
s accentuer. Au-delà de la densité des villes pour répondre aux enjeux bas carbone, les îlots de chaleur doivent devenir une préoc- cupation majeure, l ombre deviendra un élé- ment de conception, la diminution des sols imperméables aussi. La végétalisation, de la petite échelle du bâti- ment aux aires urbaines, s inscrit comme une réponse évidente au défi climatique, mais participe également à structurer un espace public qui nous a offert une vision presque apocalyptique par sa désertion totale pen- dant le confinement en l absence de flux automobiles. La valeur de l espace public nous a en effet été révélée comme un bien commun6 à
6- Travaux de recherche initiées par le Sens de la Ville, « le rez-de-chausseur » https://www.basecommune.com/index.php
réaménager, à requalifier, à partager pour de nouveaux usages, pour circuler autre- ment, flâner, se réunir, se divertir ou tout simplement contempler, et par là même promouvoir une ville animée qui permette la rencontre et l échange. Ainsi, faire plus de place à la végétalisa- tion de nos villes va devenir fondamental dans le cadre de nos projets, appuyés par la demande des usagers d espaces extérieurs. Ces espaces verts extérieurs poseront la question de leur statut, privatifs et/ou col- lectifs dans un ensemble immobilier, qu il soit résidentiel ou tertiaire, floutant les limites entre public et privé, pour animer le rez-de-ville autrement et créer des liens entre les habitants amenés à se rencontrer et profiter d une ville plus accueillante, plus poétique, une ville du bien-être.
Septembre 2020 #168 Magazine Business Immo | 31