À toutes les échelles et dans tous les contextes, nos villes ont besoin d es-paces de production, d espaces de création, de reconversion, d invention et de discussion, afin de permettre d envisager et de construire un avenir commun plus enviable et résilient. Le monde de l immobilier doit aujourd hui s interroger sur son rôle au sein de cette transition, et pourrait prendre sa part dans l accompagnement des évolutions sociétales, au prix de certaines remises en question program- matiques et économiques. Les tiers lieux, lieux hybrides et autres espaces communs, sont autant de supports qui per- mettent l accueil et le développement de soli- darités, d activités issues de l économie sociale et solidaire, du monde associatif, des secteurs
de la culture ou de la santé, de l économie verte ou de l artisanat et de la petite production. Ces activités, dont la valeur et l impact sont si peu pris en compte dans nos villes, peinent souvent à trouver des espaces abordables dans l immo- bilier traditionnel. Leur intégration au reste du tissu urbain est pourtant une question vitale, que ce soit en ville, en zone détendue ou dans les franges commerciales périurbaines. La crise sanitaire a montré combien ces lieux et activités sont nécessaires au bon fonction- nement de nos sociétés et de nos systèmes de solidarités : certains sont devenus des fabriques locales de masques et de visières, d autres des points de distributions alimen- taires, d autres encore des centres d héberge- ment de malades atteints du Covid-19.
Offrir des lieux aux activités écologiques, sociales et solidaires Si les nombreuses crises que nous traversons sont autant de bouleversements qui nécessitent de penser un monde d après et de remettre en cause nombre de nos habitudes, il est urgent de préserver et de développer les espaces qui soutiennent et accueillent les activités en faveur de ces mutations.
EN COUVERTURE / VERS DES VILLES DURABLES ET DÉSIRABLES
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Comment permettre à ces activités de se développer et de se maintenir partout sur le territoire ? Le plan de relance doit intégrer un plan de développement d un immobilier dédié aux activités de la tran- sition et de l économie sociale et solidaire au cœur des villes. La proposition consiste à inviter les com- munes ainsi que les propriétaires publics et privés à mettre à disposition un pourcentage progressif et obligatoire de leur parc au prix des charges, afin d accueillir les acteurs de la transition sociale et écologique. Cette dis- position, sorte de versant économique de la loi SRU sur les logements sociaux, permet- trait d accueillir et de conforter les activités nécessaires à notre adaptation et à notre résilience collective. En augmentant de 1 % par an le seuil minimum d espaces tertiaires et d activités solidaires au prix des charges, chaque territoire se verrait doté d un socle de 20 % d activités utiles et essentielles d ici 20 ans, horizon crédible et nécessaire pour envisager un avenir désirable. Cette proposition a déjà reçu le soutien de différents acteurs du monde de la ville et dirigeants du monde de l immobilier. Des assises de l urbanisme de la transition paraissent nécessaires pour lui donner une dimension crédible et opérationnelle.
* En collaboration avec Paul Citron, directeur du développement, Fanny Cottet, doctorante, et Mathias Rouet, directeur des études, Plateau urbain
« La proposition consiste à inviter les communes ainsi que les propriétaires publics et privés à mettre à disposition un pourcentage progressif et obligatoire de leur parc au prix des charges »
Par Simon Laisney*, directeur général - fondateur,
Plateau urbain
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54 | Magazine Business Immo #168 Septembre 2020