GRAND ANGLE / MORATOIRE : LE COMMERCE SUR PAUSE ?
Prime à la casse « Aujourd hui pour rendre un projet de rénovation extension viable économiquement, un opérateur amortit les coûts de la restructuration par la création de mètres carrés nouveaux », rappelle à juste titre Éric Costa, président de Citynove, la foncière du Groupe Galeries Lafayette. Ouvert aux propositions de nouvelles parades financières, ce dernier vante d ailleurs les bienfaits de la joint-venture qu il a réalisée avec l investisseur Keys REIM pour refondre, via une extension/ rénovation, les Galeries Lafayette à Lyon Bron. « Avec ce projet, nous ne recherchons pas uniquement à optimiser chaque mètre carré d un point de vue financier », explique-t-il. Autrement dit : cette opération implique d accepter une performance financière moindre sur le court terme, mais plus pérenne à plus long terme. Pour Pascal Madry, la logique d un mètre carré nouveau de commerce pour un mètre carré réhabilité « appartient » à l ancien monde. « Il nous faut inventer de nouveaux modèles de portages immobiliers. » « Pourquoi ne pas imaginer une prime à la casse comme pour l automobile pour inciter à reprendre davantage de l obsolète ? », lance Antoine Frey, PDG du groupe éponyme. Dispositif vicieux Pour l ensemble des développeurs immobiliers, d autres solutions sont déjà sur la table pour ne pas artificialiser les sols et faire perdurer les projets avant que « les entrées de ville ne périclitent davan- tage » argumente Gontran Thüring. « Il faut densi- fier, y compris par la hauteur, avec une dose de mixité dans les usages (résidentiel, activités économiques, équipements publics ) », abonde Christian Dubois. Toutefois, le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution, Jacques Creyssel,
« Il ne s agit pas de stigmatiser les pure players du e-commerce, mais simplement de leur appliquer les mêmes règles du jeu que les commerçants physiques ou multicanaux »
- Gontran Thüring, CNCC
surfaces tout en reprenant de l existant les contours de ce futur moratoire demeurent (très) flous. « Si Bercy n envisage pas d interdire les opéra- tions de rénovation/extension dans le projet de loi, nous ne sommes pas à l abri d un retournement de veste à l Assemblée nationale », prévient Gontran Thüring. Quitte à fragiliser le business model des spécialistes de ces programmes immobiliers dont le déve- loppement reste le ciment de leur stratégie ? À en croire le délégué général du CNCC, avec une pareille mesure, il y a « danger » de mettre au tapis un nombre important d opérations de redévelop- pement. Quitte à dérouler le tapis rouge à « une obsolescence accrue » de ces ensembles qualifiés de « réservoirs de mètres carrés ».
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18 | Magazine Business Immo #170 Novembre 2020