CES PROJETS FUSILLÉS POUR L EXEMPLE Sans attendre un quelconque moratoire pour lutter contre l artificialisation des sols, l État et diverses collectivités locales ont multiplié les coups d arrêt à l encontre de projets de développement de nouveaux espaces commerciaux. Passage en revue de quelques programmes avortés ou en passe de l être.
Par Aurélien Jouhanneau
Premier exemple et non des moindres , EuropaCity (1). Le 7 novembre 2019, le chef de l État, Emmanuel Macron, tranche et dit stop au méga complexe controversé, situé sur le Triangle de Gonesse : « le projet est daté et dépassé ( ) et ne correspond plus aux aspirations de nos concitoyens ». Face à cette décision unilatérale de l Élysée, le maire de Gonesse, Jean-Pierre Blazy, estime que le gouvernement a « sacrifié » son territoire au nom d « une vision uniquement symbolique de l écologie ». Toujours en 2019, le patron de la Métropole de Rennes demande à la Compagnie de Phalsbourg d abandonner Open Sky Rennes Pacé (2), un programme de 40 000 m2 (dont 27 000 m2 de com- merces) construit sur 9 ha de terres agri- coles. « Les élus ont pris peur de la possible création d une ZAD là où devait naître notre projet », explique Philippe Journo, président de la Compagnie de Phalsbourg. À Pérols, son confrère Antoine Frey, PDG du groupe éponyme, s est vu signi- fier par l ex-président de Montpellier Méditerranée Métropole, Philippe Saurel, l arrêt brutal de son projet Ode à la Mer (3). « Une décision prise entre les deux tours des municipales et purement électora- listes », confie une source proche du dos- sier. Ce revirement brutal revient surtout à tirer un trait sur un projet coconstruit avec la collectivité depuis 2014 à la suite d un concours lancé par la Métropole et remporté par Frey. Le tout avec le fervent soutien de Philippe Saurel. Pour rappel, le groupe prévoyait de concevoir un quar- tier mixte de plus de 100 000 m2 composé de commerces (61 000 m² de surface de vente, dont 40 000 m2 dédiés aux trans- ferts des zones commerciales voisines), de loisirs et de bureaux. Selon nos informa- tions, à quelques encablures de Toulouse, le projet de centre commercial Val Tolosa (60 000 m2 sur 44 ha) serait en voie d être enterré (4). Fruit d une longue bataille devant les tribunaux entre partisans et oppo- sants, ce programme devait devenir réalité en 2020. Avant que le Conseil d État estime, en 2019, que l opération portée par Unibail-Rodamco-Westfield (URW)
GRAND ANGLE / MORATOIRE : LE COMMERCE SUR PAUSE ?
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22 | Magazine Business Immo #170 Novembre 2020