LE MEILLEUR DES DEUX MONDES
Le dossier de notre magazine est consacré à l immobilier géré. Plus exactement la ruée des investisseurs institutionnels sur l immobilier géré. La crise sanitaire ne fait qu accélérer un mouvement de fond, guidé au départ par une volonté de diversification des investissements. Et qui pourrait se transformer en une logique de réorientation des capitaux vers des actifs plus résilients, moins sensibles au cycle économique. On pense bien évidemment au résidentiel. En France, l immobilier géré est un moyen d accès privilégié au logement tant que le cadre réglementaire et juridique ne change pas. Il représentait l an passé un tiers des acquisitions en bloc, même si le résidentiel reste encore la portion congrue des investissements
immobiliers des institutionnels. Mais de quel immobilier géré parle-t-on ? Des résidences étudiantes qui d une approche fiscale passent à un produit institutionnel. Des résidences seniors services dont les concepts se multiplient et qui, à mesure que la population vieillit, deviennent un segment d actifs stratégiques pour les investisseurs. Demain, tout le monde surveille la montée en puissance du coliving. La récente signature d un partenariat entre The Babel Community et la Banque des territoires (c est-à-dire la Caisse des dépôts) pour développer un portefeuille de coliving
de 200 M montre que l on bascule du concept à la réalité opérationnelle. Quels avantages à l immobilier géré ? D abord, le résidentiel géré coche pas mal de cases dans les stratégies ESG que les grands allocataires d actifs commencent à mettre en place. Ensuite, l immobilier géré se présente un peu comme le meilleur des deux mondes : le caractère défensif du résidentiel, avec sa profondeur de marché, sa liquidité, sa demande exponentielle, combiné avec le rendement du tertiaire. Les résidences services d un grand investisseur institutionnel lui rapportent 75 points de base de mieux que le bureau « prime ». Finalement, le risque n est pas tant dans le produit en lui-même pour peu que l on n oublie pas les fondamentaux de l immobilier que dans le choix de l exploitant. Et demain ? L immobilier géré pourra-t-il dépasser le cadre du seul résidentiel ? Ce modèle basé sur le triptyque investisseur/exploitant/locataire pourrait s étendre à tous les secteurs immobiliers. À commencer par le bureau où, à la faveur de la montée en puissance du télétravail, il va falloir être un peu plus imaginatif que de proposer simplement des mètres carrés pour créer de la valeur, ou pour la préserver.
GAËL THOMAS Directeur de la rédaction
Novembre 2020 #170 Magazine Business Immo | 1
L ÉDITO /