Les priorités de la filière à court terme
Interrogés dans le cadre du « Panorama de l immobilier et de la ville », les professionnels identifient trois priorités stratégiques et opérationnelles majeures pour leur organisation en 2021 :
1) L accélération de la transition numérique Priorité numéro 1 selon eux, la digitalisation de l ensemble de la chaîne de valeur de l immobilier est jugée nécessaire pour accélérer les projets. Selon les acteurs interrogés, malgré les avancées des dernières années (BIM, etc.) la filière reste collectivement trop peu digitalisée, notamment dans le domaine de la gestion. Outre les aspects techniques (plans, suivi des consommations ), le digital pourrait aussi être davantage utilisé sur le plan commercial par les entreprises.
2) La stratégie commerciale Selon les dirigeants, l aspect commercial redouble d importance avec la crise économique et le renouvellement des exécutifs locaux. Il faudra donc se concentrer à l élaboration de stratégies plus aggressives et percutantes.
3) L organisation du travail L évolution constante de la situation sanitaire implique d adapter en permanence l organisation RH (mise de certaines équipes en télétravail, adaptation continue aux protocoles sanitaires ). Les responsables interrogés en ont conscience et feront donc de ce chantier une priorité de l année à venir.
À noter également, un autre volet de priorité regroupant l adaptation de l offre de services et le recrutement de collaborateurs (pour 29 % des répondants). Malgré la crise, la complexité des projets demande en effet toujours plus de compétences spécifiques. Un défi qu il faudra continuer de relever, malgré la crise
Priorités absolues Leviers
stratégiques et opérationnels
5%
11%
17%
20%
21%
29%
29%
36%
36%
42%
Céder totalement ou partiellement mon activité
Me rapprocher d'autres entreprises
Dégager des marges de manoeuvre pour reconstituer la
trésorerie
Diversifier l'activité de mon organisation
Renforcer mon expertise sur les nouveaux matériaux et le bas
carbone
Réussir à recruter des collaborateurs répondant à mes
besoins
Revoir mon offre de services pour capter de nouveaux
marchés
Mettre en place une nouvelle organisation du travail
Développer une stratégie commerciale plus agressive
Accélerer la transformation digitale
Principales priorités des organisations pour 2021
EN COUVERTURE / 2020 : LE CHOC
Source : Enquête EY auprès de 920 dirigeants de l immobilier et de la ville
Vers des faillites ? Pour l heure, peu d entreprises font état de difficultés financières majeures. Seuls 8 % des dirigeants considèrent que les aspects financiers comptent parmi leurs principales difficultés opérationnelles, contre 17 % dans l ensemble de l économie. Mais 25 % des dirigeants font tout de même état d une diminution de la rentabilité et des marges. Construction, promotion et architecture sont principalement touchées, du fait notam- ment de surcoûts liés aux mesures sanitaires (~3 % à ~15 % du chiffre d affaires). Et si les grandes entreprises semblent avoir pour l instant écarté les crises de liquidité, d autres acteurs font face à un risque non négligeable de faillite. Ainsi, seuls 22 % des dirigeants des grands groupes et ETI anti- cipent une forte baisse de leur CA en 2020, contre 38 % des TPE de l architecture et
29 % des autres TPE. Au global, 45 % des dirigeants anticipent une baisse de leur chiffre d affaires fin 2020 (vs 49 % anticipant un chiffre d affaires stable ou en croissance). Et sans surprise, l emploi pourrait être impacté. Au sein de cette filière représen- tant 2,2 millions d emplois, 21 % des diri- geants anticipent une diminution de ses effectifs au cours des 12 prochains moins.
Entre besoin d emplois et risque de licenciements En 2019, les secteurs de l immobilier et la ville avaient pourtant confirmé leur fort besoin d emplois, avec près de 60 000 nou- veaux emplois créés, soit 21 % des créations d emplois en France cette année-là. Sur quatre ans, ce sont 138 300 postes qui ont été créés. En septembre-octobre 2020, 11 % des dirigeants estiment d ailleurs que leur
entreprise est en situation de sous-effectif (vs 1 % de sureffectif). Mais la crise du Covid-19 risque de remettre en cause au moins temporairement cette ten- dance. De nombreux dirigeants notent une limitation des recrutements depuis le début de l épidémie par mesure de prudence et d at- tentisme vis-à-vis de l évolution de la situation sanitaire. 21 000 emplois salariés pourraient avoir été détruits en 2020 malgré le disposi- tif d activité partielle. Et 21 % des dirigeants anticipent pour l heure une baisse du nombre total de salariés au sein de leur structure dans les 12 prochains mois. En effet les dirigeants, s ils souhaitent au maximum protéger l appareil productif de la filière en limitant les suppressions d em- plois, craignent que cela ne soit plus pos- sible si les incertitudes se prolongent trop longtemps...
Décembre 2020 #171 Magazine Business Immo | 47