doté de 40 M sur deux ans et dédié à la reconversion de friches polluées issues d an- ciens sites ICPE ou miniers. Une « maigre consolation » déplorée par Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), qui constate qu un « soutien fort et immédiat à la construc- tion de logements manque encore », tandis que la FPI estime que « les mesures de soutien à la construction sont peu ambitieuses et n auront pas d effet immédiat ». Face à ces critiques, le gouvernement a décidé une prorogation du dispositif Pinel jusqu en 2024, un pacte pour la relance de la construction durable et la prolongation des soutiens budgétaires de la demande dans le PLF 2021. La FPI y voit un effort consenti par le gouvernement : « Après avoir négligé le neuf et assisté sans réagir à la forte baisse de la construction, l État vient enfin d envoyer deux signaux positifs. Un obs- tacle politique à la relance du neuf a ainsi été levé », clame Alexandra François-Cuxac.
Le plan de relance n a cependant pas que des détracteurs. Philippe Pelletier, président du Plan bâtiment durable, regrette « un travers français qui est de considérer que le système d aide ou dispositif d accompagnement est tou- jours insuffisant » conduisant à la paralysie. « Nous avons un plan avec des caractéristiques satisfaisantes et sans doute des imperfections, mais c est le moment de le mettre en œuvre, quitte à ajuster le plan en marchant. De grâce, arrêtons de remettre sans cesse l ouvrage sur le métier », implore-t-il. Pour lui, l industrie immobilière doit prendre un nouveau virage. Transition environnementale : l heure du basculement ? Aujourd hui, la politique publique a pris le chemin de la transition environnementale, autre responsabilité de l industrie immobi- lière à long terme. Dans le sillage tracé par la nouvelle réglementation environnemen- tale (RE 2020) et le décret tertiaire qui vise une baisse de 40 % de consommation éner- gétique d ici 2030 dans les bâtiments de plus de 1 000 m² les initiatives en la matière fourmillent. Du rapport de 43 propositions remis à Emmanuelle Wargon par Philippe Pelletier et Frank Hovorka, président de la RICS France, au Booster du réemploi cher à Cédric Borel, en passant par le contrat de performance énergétique (CPE) défendu par Olivier Salvat, président du Syndicat national de l exploitation climatique (Snec).
Cependant, Philippe Pelletier prévient : « L approche doit être davantage environne- mentale qu énergétique. Si on pense que cette approche doit favoriser ce renouveau urbain, il faut traiter les questions du poids carbone des bâtiments, mais aussi de la société, comment réduire le CO2 des activités, apporter plus de biodiversité, favoriser des mobilités douces, etc. » Sur le volet de la transition environne- mentale, l artificialisation des sols compte parmi les sujets prégnants. En témoigne, par exemple, la volonté gouvernementale d instaurer un moratoire sur la construc- tion de nouvelles surfaces commerciales en périphérie des villes. Le phénomène de l ar- tificialisation des sols est bien connu et repré- sente un fort enjeu. Un récent rapport de la Cour des comptes indique qu en France, c est l équivalent de 596 000 ha en dix ans qui ont été concernés, en raison principalement de l étalement urbain couplé au développement des transports et des infrastructures. Un phé- nomène dopé par un prix du foncier agricole comparativement plus faible en France que dans d autres pays européens. Inégalement répartie sur le territoire, l artificialisation est particulièrement préjudiciable à l agriculture périurbaine, à un moment où les filières de proximité sont très recherchées. En outre,
il concerne, à hauteur de 70 %, des terres agricoles riches, selon une expertise scien- tifique réalisée en décembre 2017 à la demande des pouvoirs publics par l Ins- titut français des sciences et technologies des transports, de l aménagement et des réseaux (Ifsttar) et l institut national de la recherche agronomique (Inra). Si l objectif de la politique « zéro artificiali- sation nette » (ZAN) poursuivi par le gou- vernement doit permettre de se saisir de l enjeu, il n est pas exempt de limites. « Pour l instant, nous sommes au stade où le ZAN décrit ce que nous ne ferons plus : de l étale- ment urbain ; mais il ne nous dit pas ce que nous pourrons faire à la place, car son corol- laire, c est le renouvellement urbain, l uti- lisation des friches ou la compacité qui sont plus complexes, moins acceptés et sans doute plus coûteux », pointe Alexandra François- Cuxac. Dans son rapport, la Cour des comptes recommande d accélérer et d ache- ver d ici 2023 la mise en place de l obser- vatoire de l artificialisation des sols, créé en 2019, notamment dans sa dimension interministérielle et territoriale. Le débat promet encore d être houleux entre néces- sité d agir pour l environnement et besoins de constructions neuves
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non délocalisables et 11 % du PIB
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au T3 2020 (FPI) »
60 | Magazine Business Immo #171 Décembre 2020
EN COUVERTURE / 2020 : LE CHOC