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Par Alexandre Foatelli Photo : © Data architectes, Anyoji Beltrando et Wagon Landscaping
ANCRÉ SUR SES RACINES, LE SITE DES GOBELINS RETROUVE
UN SECOND SOUFFLE
Continuer à exister après l ar-rêt de son activité première Voici le lot propre aux anciens sites industriels comme celui de la gare des Gobelins. Exploité depuis 1903, il s agissait de l un des hauts lieux pour l approvisionnement de la capitale. En service jusqu en 1991, la gare cesse son activité, à peu près en même temps que l exploitation de la ligne ferroviaire de la Petite Ceinture. Restant en l état, sous la dalle des Olympiades, la gare est cédée en 2005 par la SNCF à Icade qui en fait une plate-forme logistique servant prin- cipalement aux grossistes de produits asiatiques du quartier. Le lieu figurant parmi la trentaine de sites sélectionnés par la Ville de Paris dans le cadre de Réinventer Paris 2 entame sa mue vers une troisième vie en capitalisant sur le potentiel du lieu. C est tout le sens du projet Reprendre Racines porté par Icade, en partenariat avec Segro. Avec pour maîtres mots la mixité des usages, les services aux habitants, l intégration urbaine des sous-sols et le respect de l environnement.
Végétalisation et services Afin de réinventer (expression consa- crée) Les Gobelins, Icade propose de compléter le quartier résidentiel des Olympiades par un ensemble mixte et végétalisé, venant trancher avec l as- pect très minéral de la dalle existante. Conçu avec les agences d architecture et d urbanisme Data architectes et Anyoji Beltrando, ainsi que l agence paysagiste Wagon Landscaping, le projet comprendra la construction par Icade de deux immeubles de bureaux totalisant plus de 14 000 m² environ, accompagnés par 4 600 m² dédiés au sport (escalade, terrains de basket), des serres agricoles et un jardin de 1,3 ha. L ensemble doit être livré en 2025. « Cette mixité d usages générera des flux chaque jour de la semaine et à toute heure, faisant vivre la dalle de manière totalement renouvelée avec plus de services et d espaces verts, se réjouit
Emmanuel Desmaizières, directeur général d Icade Promotion. En phase de concours, nous avons beaucoup insisté sur le verdissement du quartier, qui permet- tra de lutter contre les îlots de chaleur en période caniculaire. » Icade a également fait le choix d une construction bas car- bone, avec un recours au bois et à la terre crue.
En phase avec son temps Pour sa part, Segro développe une plate-forme logistique locale du der- nier kilomètre. Celle-ci disposera de 75 000 m2 divisés en deux parties : 35 000 m2 pour l espace de distribution (la gare) et 40 000 m2 supplémentaires au second sous-sol (la halle) propice au stockage. Le premier espace sera des- tiné aux services de livraison express (Chronopost, UPS, DHL et consorts), tandis que la halle sera dévolue au stoc- kage de proximité. « Ce projet s appuie sur l innovation et sur les qualités intrin- sèques du site, souligne Laurence Giard, directrice générale de Segro France. L emplacement, l accessibilité et la configu- ration sont exceptionnels, hérités du statut ferroviaire d origine. Nous nous appuyons sur ces atouts pour proposer 75 000 m2 de logistique multimodale et décarbonnée au cœur de Paris. » Les poids lourds et utilitaires seront électriques ou au gaz naturel (GNV) et des accès dédiés aux transports doux seront prévus (vélos tri- porteurs, cargos scooters, etc.). Ce projet illustre-t-il la mine d or que peuvent représenter les espaces en sous- sol pour la logistique urbaine à Paris ? « La demande d espaces logistiques au cœur des villes est croissante et, dans un tissu urbain aussi dense que celui de Paris, il sera nécessaire de s interroger sur la transformation du bâti existant et de l exploitation des sous-sols, concède Laurence Giard. Cependant, le site des Gobelins est un lieu difficilement dupli- cable : peu concentrent autant de qualités adaptées à la logistique urbaine. Il faudra beaucoup d innovations pour tirer parti des sous-sols parisiens ».
68 | Magazine Business Immo #171 Décembre 2020