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29 Hors-Série Business Immo Mai 2020

DOSSIER : LA FILIÈRE LOGISTIQUE À L ÉPREUVE DU COVID-19

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Grande distribution alimentaire : la logistique passe le stress test

Face à la ruée vers les pâtes et autres paquets de farine best sellers de la crise , les enseignes de la grande distribution ont tenu bon. Durant tout le confinement, elles se sont appuyées sur

leur logistique pour approvisionner la population française. En coulisses, les acteurs de la supply chain analysent déjà le succès, mais aussi les marges de progression.

Par Alexandre Foatelli

D es hordes de consommateurs, inquiets, se ruant sur les rayons alimentaires avec un appétit parfois surprenant pour les pâtes, les conserves et le papier toilette. Ces scènes sont devenues monnaie cou- rante dans les JT de 20 h et sur les chaînes d information en continu aux tous pre- miers jours du confinement. Sur le front de la supply chain qui sous-tend cette filière de l alimentaire, trois postures successives : surprise, réaction et résilience.

1  LA SURPRISE Toutes les enseignes de la distribution alimentaire semblent, un instant, prises de court. «  Nous avions anticipé une mon- tée en stock avec les industriels avec lesquels nous travaillions, mais nous ne nous atten- dions pas à atteindre ces sommets », consent Jean-Luc Allichon, administrateur d ITM LAI, en charge de la logistique intégrée au sein d Intermarché et de Netto. Léandre Boulez, associé chez Diagma, conseille de grandes enseignes de la grande distribu- tion en matière de supply chain manage- ment. De son point de vue, « personne dans

la chaîne, industriels ou distributeurs, ne pou- vait tenir le stock nécessaire pour parer aux achats d accumulation de la mi-mars. Même si ces comportements d achats peuvent être anticipés, ce n est pas économiquement rai- sonnable de chercher à les couvrir en matière de stocks.  » À cette période de la crise sanitaire, les images de rayon vides n en finissent pas de défiler inlassablement sur le petit écran. Contre toute attente, la pénurie généralisée de produits alimen- taires de première nécessité n aura pour- tant pas lieu. « Juste une tension momenta- née sur quelques produits », résume Léandre Boulez. Une tension, mais pas de rupture, en dépit d un report de la restauration hors domicile vers la consommation à domicile. Selon la FCD (Fédération du commerce et de la distribution), on peut estimer à 80 % le nombre de repas servis en moins chaque jour en restauration hors foyer (RHF, col- lective + commerciale), ce qui correspond à environ 17  millions de repas par jour en plus passant vers les circuits du com- merce de détail, en particulier sur la GMS (grande et moyenne surface). La bascule a fonctionné à plein, sans choc majeur.

« Ce basculement n est pas négligeable, car la RHF en temps normal représente 20 à 25 % du volume total des denrées alimentaires consommées. Et ce phénomène n a pas été anticipé », pointe Léandre Boulez. Résultat  : les distributeurs alimentaires, hypermarchés et supermarchés en tête, annoncent des volumes de vente records. Et beaucoup estiment que tant que la res- tauration n aura pas repris une activité « normale », grandes et moyennes surfaces devront continuer d assumer ce surplus de consommation domestique. 2  LA RÉACTION Sans attendre, les distributeurs alimen- taires ont pris la mesure de l enjeu en mobilisant leurs supply chains mises sous tension. Pour Jacques Creyssel, délégué général de la FCD et coprésident de la Commission économie, compétiti- vité et finances du Medef, «  le commerce alimentaire avait une feuille de route extrê- mement claire  : assurer la continuité de la chaîne d approvisionnement tout en évitant au maximum les pénuries et les fermetures de magasins. Le suivi a été organisé autour