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35 Hors-Série Business Immo Mai 2020

DOSSIER : LA FILIÈRE LOGISTIQUE À L ÉPREUVE DU COVID-19

« La part du e-commerce dans notre chiffre d affaires global devrait passer à 25 % »

Business Immo : Comment l épidémie de Covid-19 a-t-elle affecté l activité e-commerce du groupe Fnac-Darty ?

Annabel Chaussat  : L impact du confinement sur notre activité e-commerce a été énorme puisque celle-ci a doublé, voire même plus, et a constitué notre seul canal de distribution pendant plusieurs semaines. La première semaine de déconfinement a par ailleurs confirmé le boom du e-commerce par rapport au niveau d activité observé avant l épidémie. Pour y répondre, nous avons dû mettre en œuvre une adaptation très forte au sein de notre dizaine d entrepôts logistiques en France. Dès le 11 mai, nous avons également ouvert sous une forme « sans contact » notre service « click-and-collect », ce qui marque l alliance du physique et du numérique. Au final, alors que la part du e-commerce dans notre chiffre d affaires global était passée de 19 à 20 % entre 2018 et 2019, l accé- lération observée au cours du confinement devrait la faire passer à 25 % en 2020.

BI : Devant la croissance observée au cours des dernières semaines, le e-commerce est-il appelé à conserver un rôle plus important dans la stratégie du groupe ?

AC : Nous croyons que la crise sanitaire a accéléré durablement le digital et qu il sera en conséquence encore plus fort dans notre modèle économique. Son influence a été indéniable sur notre puissance logistique, le développement de nouvelles fonctionnalités d orientation des flux de livraison vers le domi- cile et le magasin ainsi que sur nos analyses du comportement de nos clients. En revanche, il nous apparaît clairement que les deux canaux ont des objectifs différents et complémentaires. Résolument, le commerce d aujourd hui est plus digital qu il ne l était, mais il est toujours autant omnicanal. Nos clients nous ont démontré leur attachement tant au commerce physique que numé- rique, avec une forte reprise de l activité dans nos magasins, et nous sommes convaincus que cette complémentarité fait le commerce d aujourd hui.

BI : Comment le secteur logistique pourra-t-il accompagner cette influence croissante du e-commerce dans votre activité ?

AC  : Nous aurons de plus en plus besoin d outils logistiques, que ce soit des entrepôts, des systèmes d information puissants et agiles ainsi que des équipes de plus en plus nombreuses. Cette croissance devra aussi passer par une vision plus flexible de l immobilier où, comme dans le monde du digital, il est possible de croître et décroître en fonction de son activité. Cet élément est peut-être difficile à appréhender d un point de vue immobilier, mais impor- tant pour accompagner le commerce dans son ensemble et arriver à être au plus proche des variations d activité que vivent les commerçants. 

Annabel Chaussat, directrice marketing et e-commerce, Fnac-Darty

en moyenne de l ensemble du commerce de détail, la balance de la consommation française ayant toujours pour cadre le magasin. Aussi, alors que le chiffre d af- faires des magasins du commerce spé- cialisé a baissé de 94 % en avril en raison de la fermeture de la quasi-totalité des enseignes, selon la Fédération pour la pro- motion du commerce spécialisé (Procos), le dynamisme du e-commerce ne leur a permis de terminer le mois qu à -86 % en moyenne en cumulant commerce phy- sique et virtuel. Le groupe Fnac-Darty est par exemple parvenu à doubler ses ventes en ligne sur les 15 derniers jours de mars, mais a malgré tout vu son chiffre d affaires pour ce mois baisser d environ 30 %.

UNE COMPLÉMENTARITÉ À DÉVELOPPER L épidémie de coronavirus révèle malgré tout la nécessité pour les commerçants d ajouter un canal de vente digital à leur infrastructure physique, selon Bertrand Pineau : « Les frontières entre commerce et e-commerce sont de plus en plus poreuses et difficiles à discerner : le consommateur fait ses recherches sur internet, va en magasin pour voir le produit ou commande en ligne pour se faire livrer en magasin. Les deux ne doivent donc plus être opposés, puisque les commerces qui se sont dotés de canaux digi- taux ont pu assurer un certain niveau d ac- tivité malgré le confinement.  » Dans cette optique, Cdiscount a par exemple mis en place un dispositif exceptionnel visant à faciliter l accès à sa marketplace aux entre- prises françaises qui ont été contraintes de fermer leurs points de vente physiques (abonnement gratuit pendant six mois pour les petits commerces français, pro- cédure d inscription facilitée et accélé- rée, offre de livraison géolocalisée), alors que les TPE et PME françaises comptent pour 5 000 de ses 12 000 vendeurs. « Cette période de confinement a bousculé les modes de consommation des Français, qui se sont tournés vers le e-commerce alimentaire comme non alimentaire, et plus largement vers le digital pour leur quotidien, précise la société. Cette accélération de la digita- lisation a aussi été une obligation pour de nombreuses TPE, PME, petits commerçants ou producteurs qui ont été contraints de modifier leur circuit de distribution et de se tourner vers le e-commerce. Nous continue- rons d être présents à leurs côtés à la sortie de cette crise pour les accompagner dans la durée. » 

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