43 Hors-Série Business Immo Mai 2020
DOSSIER : LA FILIÈRE LOGISTIQUE À L ÉPREUVE DU COVID-19
regroupe ici tous ses flux mondiaux et omnicanaux sous un même toit. « Le XXL sur lequel s est positionnée l industrie immo- bilière aura encore de l avenir, mais il sera beaucoup moins spéculatif. La demande sera désormais tirée par les clés en main et le mar- ché va revenir aux fondamentaux », ajoute Christophe Chauvard. Alors, fini le XXL ? Pas si sûr Simplement, « le XXL pourrait changer de taille », lance Olivier Parizot. Le XXL est mort, vive le XL !
QUAND LA CHINE TOUSSE, LE MONDE S ENRHUME L entrepôt français sera omnicanal ou ne sera pas. Cette conviction en appelle une autre, qui gronde au sein des milieux éco- nomiques et politiques : il devient urgent de diminuer sa dépendance stratégique à la plus grande usine du monde. « Quand la Chine tousse, tout le monde s enrhume »...
Un peu partout, initiées par le made in France, s élèvent des voix, y compris dans la grande distribution, pour plaider en faveur d un grand mouvement de déglo- balisation animé par le « mieux consom- mer » en favorisant les circuits courts, mais aussi par un retour des activités pro- ductives françaises en France. « Dans l après-Covid, un double mouvement est déjà à l œuvre : celui de la relocalisation et de la régionalisation qui voient le couple bassin d emploi/bassin de consommation tirer les futures localisations de demain. Je crois à l émergence de nouvelles métropoles logistiques », partage Olivier Parizot. Du foncier abordable, des collectivités locales ouvertes, des perspectives solides d em- plois sont autant d arguments en faveur de l implantation de nouvelles plates- formes logistiques à taille humaine. Reste le frein administratif, spécialité
franco-française, qui n a toujours pas été levé en dépit du choc opéré de sim- plification. « La France est aujourd hui en Europe le pays le moins attractif en matière de procédures administratives », insiste Thierry Bruneau, lui-même membre du think tank éponyme. Plus que jamais, le mouvement de fond challenge la géogra- phie des implantations alignée jusqu ici en France sur le dogme de la dorsale, elle-même reposant sur des implanta- tions massifiées. Le driver de la dorsale a en effet montré des signes inquiétants de faiblesse : engorgement des projets, saturation du trafic, raréfaction d une main-d œuvre adaptée et timidité des uti- lisateurs. Depuis plusieurs années, la part de la dorsale s amenuise en effet dans les performances locatives. Au T1 2020, qui restera comme un très mauvais score dans les annales de l immobilier logistique, les quatre villes majeures (Paris, Lyon, Lille et Marseille) font de la figuration dans la demande placée. « Un take-up à moins de 100 000 m2 en Île-de-France, c est du jamais vu ! », constate Didier Terrier. Est- ce pour autant la fin de la dorsale ? Là encore, pas si sûr « La dorsale restera la dorsale. Je crois à un phénomène de refuge sur les actifs core et la dorsale restera l axe fort de la France logistique car les implan- tations doivent être proches des bassins de consommation et d emplois », tempère Léo Barlatier, qui ne s empêche pas de regar- der des implantations alternatives mais complémentaires à l axe historique. « Le Covid-19 a changé les stratégies de maillage logistique, mais pas les stratégies d implan- tation qui devront désormais intégrer le risque de chute des échanges internatio- naux et la promesse d une relocalisation de la production en France », ajoute Christophe Chauvard, qui étudie aujourd hui des fon- ciers sur la dorsale, mais pas seulement. Loin du sacro-saint axe majeur, de
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