32 INTERIORS #11 Été 2020
des recommandations identiques qui ne seraient pas appropriées tant les territoires traversés par les futures lignes de métro sont variés et spécifiques, l agence TVK, pour conduire sa réflexion, s est basée sur deux notions qui fondent, selon elle, l es- pace public : le sol et le temps. « Le sol est l un des éléments les plus constants de l espace public », énonce David Enon. Il n est pas seulement une surface. Il forme un milieu global dans lequel prennent place les usages et activités humaines dont il conditionne la nature et la qualité. Sa conception est un projet d architecture à part entière qui combine et façonne diffé- rents éléments réseaux, matériaux, végé- taux, climat, etc. « Le sol doit constituer un socle favorable aux usages urbains », précise David Enon. Selon lui, une attention parti- culière doit être portée à sa matérialité, sa robustesse, à la qualité et à la simplicité de sa mise en œuvre. Le deuxième élément qui permet d aborder l espace public et son aménagement est le temps, « une matière dont on doit s emparer, car l espace public est impacté par les évo- lutions majeures de la société ». Il est ancré par celles-ci. « Aujourd hui se pose la ques- tion de l hygiène, mais aussi celle d accueillir des regroupements et manifestations. Hier, suite aux attentats, la question sécuritaire était devenue plus centrale. À chaque fois, les grands enjeux sociétaux réinterrogent l espace public, car ils incitent à y cohabiter différemment et à s y adapter. » Le temps de projet d espace public est donc complexe, rarement homogène et linéaire. Et s il n est pas possible de prédire l avenir, il est cependant primordial de tenir compte de cette notion Impossible par exemple de prévoir précisément l impact du réchauffe- ment climatique dans l espace public. Mais penser une place aujourd hui sans en tenir compte serait pourtant une aberration. Autre exemple pris par TVK : en milieu urbain, où nous vivons dans des espaces de plus en plus petits, penser demain c est aussi concevoir l espace public comme un bien commun. « Il faut aller au-delà du fonctionnalisme et de l hygiénisme et penser un espace public qui aurait des vertus hospi- talières, à partir de qualités fondamentales telles que les assises, l ombre de la végétation, une attention aux plus fragiles que l on a ten- dance à exclure », souligne David Enon.
L espace public, support du vivre-ensemble L espace public, s il rend des services au bénéfice de la collectivité, nous attache aussi au territoire, à la ville et à la planète. « Durant le confinement, nous en avons été privés. Un de nos premiers instincts a été de retrouver cet espace public, support du vivre-ensemble, en particulier dans la culture européenne. Il est le lieu privilégié du collectif et doit être au service d une habitabilité plus forte. Il faut l envisager comme un bien com- mun dans tous les sens du terme. Il appartient à tous », conclut David Enon. Au final, l ou- vrage défend un espace public flexible qui prend en compte les évolutions, les rythmes du vivant l homme y compris et ren- contre les temporalités du climat et de l éco- logie. Le temps est ainsi pris non pas comme une contrainte, mais au contraire, comme le matériau principal d une réflexion sur l es- pace public, « l espace de la croûte terrestre que nous partageons ».
* Équipe : TVK, TN+, Ville ouverte, Soline Nivet, Antoine Fleury, Géraldine Texier-Rideau, Étienne Ballan, ON, RR&A, FBC, YWC.
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