56 INTERIORS #11 Été 2020
stantané DEMAIN, LE BUREAU
productifs lorsqu ils ressentent le besoin de se concentrer et 90 % estiment qu ils ont la confiance de leurs responsables pour accomplir leur travail, selon Cushman & Wakefield. Par ailleurs, la plupart des personnes sondées par Colliers International (88 %) indiquent que leur manager est en mesure de gérer virtuellement leur équipe. « L impact à long terme de la gestion d équipes divisées en plusieurs endroits n est pas encore clair et de nombreuses organisations se concentrent for- tement sur l amélioration de leurs capacités de gestion, avance le conseil dans son étude. Les organisations souhaitent mettre en place des méthodologies de gestion pour maintenir l engagement des individus et des équipes, ainsi que pour mesurer et optimi- ser leurs performances lorsqu ils ne sont pas ensemble physique- ment. » Car encadrer une équipe de télétravailleurs demande notamment aux managers, qui passent d un style de gestion basé sur la présence à un autre basé sur les résultats, d adopter une approche plus personnalisée avec chacun de leurs colla- borateurs, avertit Colliers International : « Il est important de développer une culture de confiance dans le fait que le travail est accompli indépendamment du lieu ou du moment. Cela nécessite de fournir une infrastructure de travail aux employés afin qu ils aient les bonnes connexions et les bons outils, et un lieu de travail approprié à domicile. La gestion d une équipe divisée exige de mettre davantage l accent sur des rôles, des attentes et des respon- sabilités clairs, soutenus par des canaux de communication clairs. »
Le télétravail n a pas que de bons côtés Tout n est pas rose pour autant et le télétravail s accompagne d un certain nombre de défis. Aussi, si elles estiment mieux collaborer avec leurs collègues, les personnes sondées par Cushman & Wakefield ressentent une perte sur le plan person- nel et à peine la moitié d entre elles estiment se sentir toujours connectées à leurs collègues. Un impact négatif est également observé au niveau de leur lien avec la culture de l entreprise. « Même si les employés se disent très fiers de travailler pour leur entreprise et aiment la culture de celle-ci, il est difficile de mainte- nir un sentiment de connexion personnelle et d appartenance à cette culture lorsqu elle n est pas nourrie et vécue en personne, explique le conseil. De même, si la collaboration est devenue plus efficace, elle est axée sur les tâches à accomplir et non sur les possibilités d ap- prentissage et de mentorat informels. » Par ailleurs, les générations plus jeunes, souvent moins bien équipées à la maison, vivent le télétravail plus difficilement : 70 % des membres de la généra- tion Z et 69 % des millennials font état de difficultés à travail- ler à domicile, contre 55 % des baby-boomers. D ailleurs, selon Colliers International, les conditions de vie ont un impact sur la productivité : « Les personnes interrogées ayant des enfants et des colocataires affichent une baisse de productivité plus prononcée. » En outre, le bien-être général des répondants souffre non pas d une incapacité à maintenir l équilibre entre vie profession- nelle et vie privée, mais plutôt du manque de temps d absence du travail. « L un des facteurs ayant une incidence sur le manque de temps libre est peut-être l absence de trajet quotidien, explique Cushman & Wakefield. Cette absence signifie qu il n y a pas de pause naturelle au début et à la fin de la journée de travail pour per- mettre de s arrêter, ce qui a un impact négatif sur le bien-être men- tal et physique. » Dans la même veine, les personnes interrogées
qui commencent et finissent leur journée de travail tous les jours à la même heure et qui prennent des pauses à des heures fixes affichent des augmentations de productivité plus importantes, avance Colliers International, et celles qui se réunissent virtuel- lement avec leurs collègues à des moments fixes affichent une augmentation de productivité de 16 %.
Un phénomène là pour rester Malgré ce portrait contrasté, au fur et à mesure que les restrictions sont levées et que les entreprises organisent leur retour au bureau, il apparaît clairement que la flexi- bilité et le télétravail s accélèrent et sont là pour rester. L étude de Cushman & Wakefield révèle que 73 % des personnes interrogées souhaitent que les entreprises adoptent des politiques de travail flexible. Celle de Colliers International rapporte pour sa part que, là où seulement 5,2 % des travailleurs âgés de 15 à 67 ans travaillaient de la maison avant l épidémie, 82 % aimeraient désormais le faire au moins un jour par semaine, et que, parmi ceux qui n avaient jamais travaillé à domicile avant l épidémie, 73 % aimeraient le faire au moins un jour par semaine post-Covid-19. Par ailleurs, les besoins de distanciation sociale imposeront « une utilisation échelonnée des approches télétravail/bureau pour maintenir l occupation des bureaux dans des limites sûres et pour que les transports publics soient moins encombrés », rappelle Cushman & Wakefield. Les entreprises qui n emboîteront pas le pas pourraient ainsi voir leurs besoins en bureau être augmentés de 15 à 20 % par les mesures de distanciation. Toutefois, si la moitié des personnes ayant manifesté une volonté de pratiquer un mode de travail plus flexible donnent suite à leurs projets, les empreintes immobilières de leurs employeurs ne seront pas impactées. « Il est impératif de reconnaître que le lieu de travail n est plus un lieu unique, mais un écosystème de lieux et d expériences variés pour favoriser la commodité, la fonction- nalité et le bien-être, conclut Cushman & Wakefield. Ce faisant, nous pouvons réimaginer notre façon de travailler et tirer parti du lieu, du temps et de la technologie pour améliorer les performances des personnes, des lieux et des entreprises. »
« Il est impératif de reconnaître que le lieu de travail n est plus un lieu unique, mais un écosystème de lieux et d expériences variés »