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L univers de Michel Blazy entre absurdité et mutation, interroge le monde de l art en utilisant comme maté- riaux des denrées alimentaires, outillage acheté dans les grands magasins de jardinage, plantes, légumes, insectes et escargots « Sculptcure » (2001, en cours) présente un empilement de pelures d oranges pressées sur un plateau en plastique. La conservation de l œuvre néces- site l approvisionnement continu en pelures fraîches pour rendre perceptible son évolution alors que des microcosmes de plus en plus complexes apparaissent sur la matière en décomposition. Entre fascination et écœurement, les moisissures « posent autrement cette question de latence quand on sait que certains champignons qui les composent peuvent vivre plusieurs siècles. Prêtes à être réactivées, elles tendent ainsi à redéfinir la question d une éphémérité s inscrivant dans une fragile pérennité », déclare l artiste d origine monégasque. Produite à l occasion de la 57e Biennale de Venise, sa « Collection de chaussures » (2014-2019) s est installée définitivement dans les jardins du NMNM, Nouveau Musée national de Monaco qui lui rend ainsi hom- mage. Des végétaux plantés dans des baskets usées et alimentées par un système de goutte-à-goutte sont pré- sentés dans une grande structure inspirée des présen- toirs commerciaux. Six de ses œuvres sont exposées au musée entre une grande « Peau de bête », 2004, (réalisée en coton, crème dessert au chocolat, tapioca, jus de bet- terave) ou sa fascinante « Nature molle », 2004, utilisant de l agar-agar et de la colle à papier peint pour réaliser cette nappe qui cristallise fruits et légumes disposés sur la table. Ces matières forment une enveloppe délicate qui accompagne dans le temps la lente liquéfaction de l œuvre dont les moyens de préservation relèvent d une série d opérations à renouveler au fil du temps. Disposé au sol, vertèbre après vertèbre, « Ver dur », 2000, représente un étrange squelette constitué de bis- cuits pour chiens, en forme d os. Invoquant les notions de paysage et de nature morte, cette œuvre se déploie en fonction de l espace d exposition. Entre chaque présentation, les biscuits sont conservés en poches her- métiques pour les protéger des insectes qui pourraient à leur tour se nourrir de leur substance
tendance / #ARTY
Matières vivantes Depuis plus d une vingtaine d années, l artiste Michel Blazy questionne le temps au travers d installations réalisées avec des matériaux humbles, périssables, des matières organiques que l on trouve dans sa cuisine ou son jardin. Hommage à ses « natures molles » et autres œuvres en décomposition au Nouveau Musée national de Monaco (NMNM). Par Sophie Roulet
Michel Blazy, Nature molle (détail), 2004. Techniques mixtes (agar-agar, colle à papier peint, fruits, légumes, table en bois...). Dimensions variables, Édition de 3. Collection NMNM, no 2009.2.1 / © Adagp, Paris, 2020