51 INTERIORS #11 Été 2020
pen space et autre flex office sont- ils en sursis ? Ces modes d amé- nagement finiront-ils sacrifiés sur
l autel de la dédensification ? JLL répond en deux temps : « Les investisseurs abondent dans ce sens, 58 % d entre eux imaginent que les entre- prises remettront en question ce type d aménage- ments. Les entreprises, elles, sont loin d être aussi radicales. Seules 9 % se fixent comme priorité de challenger le flex office et 18 % souhaitent reques- tionner les open spaces. » Le retour du cloison- nement n est donc pas pour demain. Si les espaces ouverts ne semblent pas remis en question, il faudra tout de même apporter les garanties nécessaires en termes de sécu- rité et d hygiène. « Les niveaux de densité tels que connus jusqu ici ne seront plus supportables », insiste Véronique Bédague-Hamilius, direc- trice générale déléguée du groupe Nexity. « Dans un premier temps, il est assez simple de faire respecter les règles au sein des plateaux, en mettant en place des sens de circulation, en condamnant certaines positions de travail et en revoyant les conditions d entretien. Le tout est de le faire avec des solutions peu coûteuses, flexibles, et surtout non anxiogènes. Chez nous, par exemple, la machine à café est indiquée comme condam- née par des autocollants cœurs et love ! », relate Isabelle de Ponfilly, directrice de Vitra France. Mais sur le long terme, la question de la den- sité devrait s imposer. Et remettre en cause les grands plateaux équipés d une enfilade de benchs aux dimensions réduites « Ce ne sont de toute façon pas nos projets ! », sourit Richard Galland, président-directeur géné- ral de Majorelle. « Mais il est clair que ce type de space planning ne sera plus envisageable. D autant qu ils seront encore plus inadaptés demain, lorsque le télétravail se sera développé et que le bureau n aura plus vocation à accueil- lir tant de travail personnel, mais plutôt des missions collaboratives. » « Un mouvement en arrière vers le bureau indivi- duel irait donc à contre-courant ! », estime Odile
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OPEN-SPACE ET FLEX OFFICE : MALADES IMAGINAIRES ?
stantané DEMAIN, LE BUREAU
Duchenne, directrice générale d Actineo. « En effet, avec le succès du télétravail, le bureau deviendra de moins en moins le lieu de la pro- duction individuelle, mais davantage un espace de sociabilisation et de collaboration. » Ainsi, le nombre d espaces alloués au travail en solo pourrait être réduit, au profit de toujours plus d espaces collaboratifs. « Nous commencions tout juste à arriver à l équilibre entre espaces personnels et collectifs. La montée en puissance du télétravail et du nomadisme devrait déplacer le curseur au profit des salles de réunion, de créativité, etc. Et il ne faudra pas oublier la ques- tion de l acoustique comme de la technique dans ces réaménagements ! Ces espaces devront permettre la potentielle collaboration entre des gens présents sur site, et d autres à distance. Les attentes des colla- borateurs en matière d équipements sont fortes. Ils sont eux-mêmes bien équipés, et attendent de leur entreprise qu elle leur apporte mieux que leur domi- cile », confirme Richard Galland. Quant au flex office, lorsqu il est bien pensé, il permet justement de mettre à disposition toute une variété de typologies d espaces de collabo- ration, de créativité, etc. Il semble donc être une solution toujours d actualité ! « Bien sûr, il fau- dra répondre aux légitimes inquiétudes des salariés quant à la propreté des postes. Mais, finalement, la politique de clean desk qui va de pair avec le flex office permet un nettoyage simple ! Je pense donc que le flex office a de beaux jours devant lui », souligne Odile Duchenne. Un avis partagé par la majo- rité des professionnels de l aménagement. Pour le cofondateur de Majorelle, « les entre- prises s étaient organisées jusqu ici pour être flex ready plus qu elles n étaient réellement passées au flex office Mais avec le développement du télétravail, le mouvement pourrait s accélérer. Et nos nombreuses expériences en la matière nous laissent même à penser que nous pourrions aller plus loin. Nous étions généralement sur un ratio de 0,8 poste par personne et nous imagi- nons pouvoir sans problème pousser jusqu à 0,7. En revanche, là où nous étions à une position de travail individuel pour une position de travail collaboratif, nous savons qu il faudra désormais proposer davantage d espaces collectifs ». Mais gare aux décisions hâtives ! « Se baser sur des chiffres génériques ou des moyennes pour définir le nombre de postes à supprimer grâce au développement du télétravail est une erreur ! », insiste Richard Galland. « Il faut inévitable- ment pratiquer une rapide étude de son organi- sation, ses métiers, ses usages, etc., afin d établir les bons ratios », le rejoint Stéphanie Fauré, direc- trice générale, pôle Advisory chez Colliers International France. SD