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28Hors-Série Business Immo Mai 2020

DOSSIER : LA FILIÈRE LOGISTIQUE À L ÉPREUVE DU COVID-19

Business Immo : Comment la filière logistique fait-elle front face à la crise sanitaire par rapport aux autres filières ? Quels sont les impacts majeurs de la crise sanitaire sur la filière logistique ?

Geoffroy Cailloux : La crise du Covid-19 a souligné à quel point la santé de la filière logistique et celle de l économie française dans son ensemble sont étroitement liées. La baisse des flux de marchandises a atteint jusqu'à 40 % au pic de confi- nement mi-avril et se situait début mai plutôt à 30 % par rapport à l'année der- nière. Les déséquilibres ont été variables selon les secteurs, certains étant presque à l arrêt et d autres devant maintenir un régime quasi normal. Les acteurs de la logistique ont démontré à cette occasion leur implication en pre- mière ligne de la lutte contre l épidémie. Ils ont fourni des services vitaux de trans- port et d entreposage qui ont contribué à assurer des activités vitales comme l ap- provisionnement alimentaire ou l achemi- nement des équipements médicaux essen- tiels. Ils méritent à ce titre toute notre reconnaissance.

BI : Comment travaillez-vous avec les représentants de la filière logistique, et surtout de l immobilier logistique ?

GC  : En septembre 2019, le Premier ministre a annoncé la mise en place d une gouvernance adaptée à cette filière trans- verse qui irrigue l ensemble de notre éco- nomie. Un comité exécutif réunit men- suellement la Direction générale des entreprises (DGE), la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer, ainsi que les professionnels du sec- teur représentés par l association France Logistique que préside Anne-Marie Idrac. Cette instance permet de coordonner les feuilles de route et de piloter l avancement des actions identifiées conjointement, et soumises à l arbitrage interministériel. L installation de France Logistique en jan- vier dernier constitue une avancée signi- ficative pour représenter efficacement des activités très diversifiées auprès des pou- voirs publics, incluant les activités liées à l immobilier logistique. Pour travailler sur les sujets fiscaux et non fiscaux de l im- mobilier logistique, l association Afilog, membre fondateur de France Logistique,

est bien sûr un interlocuteur de référence pour la DGE, dont les contributions se révèlent toujours précieuses.

BI : Comment se passe le travail interministériel, dans la mesure où la logistique a plusieurs ministères comme interlocuteurs ?

GC  : La DGE, organisée en mode projet et sous l égide du ministre de l Économie et des Finances, entretient des relations fluides et fréquentes avec les autres départements ministériels afin de pré- parer les décisions le plus en amont pos- sible. Par ailleurs, la tenue de réunions du comité exécutif sur une base mensuelle permet une coordination au plus haut niveau également. Sur un sujet aussi central pour la reprise de l économie française, il est important de parler d une seule voix, et nous nous féli- citons à ce titre du climat de confiance et de coopération que nous avons établi avec nos collègues du ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES).

BI : Dans quelle mesure peut-on s attendre à une relocalisation des activités de production dans l Hexagone et à quelle échéance ? Est-ce prévu dans le plan de relance ?

GC : La question des activités de produc- tion est un sujet très large  ; il apparaît cependant aujourd hui très clairement qu il sera indissociable de celui de la localisation en France des activités logis- tiques, des centres d entreposage et de distribution. Cette localisation pourrait paraître acquise, du fait de la taille et de la position de notre pays au sein de l Europe, mais en réalité elle ne l est pas. La crise aura permis de mettre en lumière que cet enjeu n est pas indifférent d un point de vue de résilience des circuits d approvi- sionnement, et de vitalité du tissu de nos entreprises. Un réseau dense et solide est la garantie de ne pas se mettre à la merci d une rupture locale. C est un sujet qui a déjà fait l objet de nombreux travaux et la DGE est plei- nement mobilisée dans cette réflexion. L attractivité de la France en tant que centre logistique européen est une ambi- tion forte à laquelle toutes nos actions, d une manière ou d une autre, doivent pouvoir contribuer.

BI : Quel horizon fiscal pour la logistique ? Un dispositif ad hoc est-il envisageable ? Quid de sujets comme la requalification ou l abattement de taxe d aménagement sur les friches reconverties ?

GC : La fiscalité peut être un levier important de cette attractivité, mais il n est pas le seul. Comme le Premier ministre l avait indiqué en septembre 2019, il s agit avant tout de redonner de la visibilité aux acteurs qui sou- haitent s investir dans des projets souvent intensifs en capital. Un travail est engagé en ce sens, en lien avec les professionnels et l administration fiscale, afin que chaque por- teur de projet qui s intéresse au site France puisse anticiper le régime qui s appliquera à lui. Et cet effort n est d ailleurs pas incompa- tible avec la poursuite d objectifs environne- mentaux, bien au contraire.

BI : Dans quelle mesure la logistique et la supply chain peuvent-elles participer à la compétitivité et la performance de l économie française ?

GC : La logistique représente environ 10 % de l économie française. Donc, quand on parle de logistique, on parle de 10 % du PIB (200 Mds ), 10 % des emplois marchands (1,8  million de personnes), ce qui en soi est déjà considérable. Mais la véritable spé- cificité de la logistique au sens large, qui englobe les métiers de la supply chain, tient aux formidables externalités qu elle dis- pense au reste de l économie. L usine la plus performante au monde, si elle se trouve dans un désert logistique, ne sera pas com- pétitive. La compétitivité logistique, c est le prolongement de la compétitivité indus- trielle par d autres moyens. C est un état d esprit que beaucoup de nos voisins ont bien saisi, et qui doit nous inspirer.

BI : Quels sont les sujets de fond et d actualité sur lesquels vous travaillez avec Afilog ?

GC  : Le fil rouge des sujets déjà évoqués, qui sont dans l actualité de nos travaux avec France Logistique et Afilog, est de faciliter la vie des investisseurs et opérateurs logistiques en France pour être attractifs et accueillir les investissements qui nous permettront, demain, de disposer d un réseau logistique solide s appuyant sur des entrepôts modernes et respectueux de l environnement. 