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8Hors-Série Business Immo Mai 2020

ENTRETIEN

différence, en organisant très tôt une reprise progressive. Parmi les pays où GSE est implanté, seules l Allemagne et la Hongrie n ont pas ou peu connu de ralentissement, même durant la période de confinement. Partout ailleurs, en cinq semaines, 90 % des chantiers étaient repartis. Et aujourd hui, l ensemble de nos chantiers ont redémarré, tant en France qu à l international.

BI : Comment avez-vous réussi à relancer l ensemble de vos chantiers ?

RP : La réglementation locale nous a bien sûr parfois obligés à les mettre en pause. En Chine par exemple, tout a été arrêté un mois. Ensuite, il a fallu envoyer des masques depuis l Europe pour qu ils puissent reprendre en toute sécurité, puisque le pays était alors en rupture de stock. Quelques semaines plus tard, et juste avant les annonces d Emmanuel Macron, j ai repassé commande en sens inverse pour faire livrer 50  000  masques de Chine pour les chan- tiers français ! Les premiers sont arrivés très vite, mi-mars. Les suivants ont mis de plus en plus longtemps à être livrés alors que les contrôles aux frontières se renfor- çaient. Mais partout, ces équipements et le respect des consignes sanitaires nous ont permis d assurer la sécurité des salariés et des ouvriers. Par ailleurs, nous avons eu recours à de nombreux outils de travail à distance pour maintenir nos opérations en diminuant le nombre de personnes physi- quement présentes. BI : Un chantier peut donc se conduire en télétravail ?

RP  : On ne coule pas encore de béton en home office ! Mais une partie du métier d ingénierie de l ouvrage peut se faire à dis- tance. Nous avons par exemple recours au BIM et à la réalité virtuelle pour plus de la moitié de nos chantiers. Cette technologie nous a permis de continuer nos travaux de conception, en les supervisant et en coor- donnant les différents métiers à distance. Nos clients, quant à eux, ont pu grâce à la maquette numérique suivre l évolution de notre travail depuis chez eux. Autre innovation très utile : après le test de la solution pendant le confinement, quatre chantiers sont désormais dotés de caméras 360°. Fixées sur un casque, elles permettent de suivre quotidiennement l évolution du chantier. Outre l aspect pratique en cette

période, c est une expérience riche pour nos futurs chantiers. Limiter les déplace- ments aura de multiples vertus : la diminu- tion de la fatigue, un coût de déplacement optimisé, un impact carbone considérable- ment diminué BI : Et du côté de votre carnet de commandes, quel impact le Covid-19 et les mesures de confinement ont-ils eu ?

RP  : Nous avons pris le temps d échanger avec nos clients durant cette période et tous se montrent raisonnablement optimistes. Bien sûr, le fait que ces derniers soient principalement d importantes signatures aux reins solides aide à affronter la situa- tion sereinement. Nos clients PME, sur d autres segments, auront sûrement plus facilement tendance à reporter leurs inves- tissements pour préserver leur trésorerie. Mais concernant l immobilier logistique, aucun de nos projets, soit une trentaine en activité dans le pipeline, n a été remis en cause. Pas même les chantiers en blanc en France, en Allemagne et en Italie. Lorsque nous sortirons de cette crise et nous nous n y sommes pas ! , je suis convaincu que l activité restera soutenue. Si les investisseurs disposent de moins de leviers pour collecter des fonds, et que le prix de la dette augmente, cela aura for- cément un impact sur le coût de dévelop- pement des projets. Et puisque le marché logistique que l on sait cyclique devrait s inscrire dans une tendance baissière, il y a fort à parier que le rattrapage ne se fera pas sur les loyers, mais sur les marges. Toutefois, le business model de la logistique comme

son utilité ne sont pas remis en cause par cette crise. Au contraire, puisque la montée en puissance du e-commerce, par exemple, constitue un argument de plus en faveur du développement de l immobilier logistique.

BI : À votre sens, cette crise ne devrait donc pas bouleverser le marché ?

RP : Je ne pense pas. Les bons projets reste- ront attractifs. En revanche, elle pourrait par- ticiper à façonner durablement le visage des plates-formes logistiques de demain et les futures attentes des utilisateurs. La consom- mation évolue, les usages changent, l immo- bilier doit accompagner ces mutations. Ce que nous vivons actuellement nous conforte dans nos choix. Celui de la logistique parce que c est un secteur utile et qui fait sens. Et celui de la nécessaire innovation, au service d un immobilier plus responsable, plus res- pectueux de l environnement, plus confor- table La période que nous avons vécue ne fait que renforcer nos convictions RSE. Notre politique en la matière a d ailleurs été recon- nue au plus haut niveau de performance par l agence EcoVadis, qui nous a de nouveau attribué le niveau d excellence Gold avec un score de 74/100, nous plaçant parmi les 1% d entreprises les mieux évaluées. La prise de conscience est toujours plus grande chez tous nos collaborateurs à tous les niveaux, et de nouveaux projets clés ont été enclenchés, du bureau aux chantiers. Le défi est grand, mais les opportunités nombreuses ! La reconver- sion des friches industrielles, par exemple, ouvre la voie à des projets logistiques ver- tueux à bien des égards. C est cet immobilier responsable qui continuera de séduire. 

« Cette crise pourrait participer à façonner durablement le visage des plates-formes logistiques de demain et les futures attentes des utilisateurs »