pointe les limites de l exercice : « Il faudrait dans le même temps une libéralisation extrêmement impor- tante des règles qui pèsent sur la modernisation du parc de magasins existants. » Quid encore des effets d un moratoire sur la valeur des actifs en périphérie des villes ? Risque-t-il d accroître la rente immobi- lière ? Pour Jérôme Le Grelle, la réponse est néga- tive. « Si moratoire il y a, les valeurs de ces produits ne vont pas grimper significativement sur le long terme. En revanche, ce dispositif s avèrera vicieux pour les ensembles fragiles. » Mêmes règles du jeu Résignés à l idée d un moratoire généralisé, les acteurs privés réclament néanmoins d être traités d égal à égal avec les grands pure players du e-com- merce. Comprendre l américain Amazon. Certains députés ont d ailleurs demandé l instauration d un moratoire sur l implantation de nouveaux entrepôts logistiques destinés aux opérateurs du commerce en ligne. En vain, la proposition a été rejetée en octobre dernier (voir encadré ci-contre). Dont acte ! Le CNCC revient à la charge pour la énième fois et réclame l élargissement de la Tascom aux entrepôts logistiques dans le PLF 2021. « Il ne s agit pas de stigmatiser les pure players du e-commerce, mais simplement de leur appliquer les mêmes règles du jeu que les commerçants physiques ou multicanaux », pointe Gontran Thüring. Prêts à lutter contre le réchauffement climatique, les acteurs de l immobilier commercial et les enseignes réclament d être a minima considérés, au mieux concertés, par les autorités gouvernementales. Une inconnue préexiste : l État osera-t-il aller jusqu au bout de la logique d urbanisme décentralisé ou gar- dera-t-il la main via une politique déconcentrée ? De quoi relancer l éternel débat des Girondins vs les Jacobins. À ce jeu-là, on sait qui gagne à la fin
GRAND ANGLE / MORATOIRE : LE COMMERCE SUR PAUSE ?
ET LES NOUVEAUX ENTREPÔTS LOGISTIQUES DANS TOUT ÇA ?
En juin dernier, le nouveau groupe parlementaire Écologie démocratie solidarité (EDS) emmené, entre autre, par Delphine Batho et Cédric Villani, déposait à l Assemblée nationale une proposition de loi visant à instaurer un moratoire sur l implantation de nouveaux entrepôts logistiques destinés aux opérateurs du commerce en ligne. Une proposition qui avait reçu le soutien de 28 députés de tous bords politiques. Constatant le bond de 83 % du chiffre d affaires du commerce en ligne, la proposition de loi entendait adopter des mesures pour mettre un coup d arrêt à la multiplication des implantations d entrepôts des grands opérateurs du commerce en ligne. L instauration d un moratoire y était proposée pour deux ans, s appliquant à tout permis de construire pour les grands entrepôts logistiques du e-commerce supérieur à 1 000 m². Ces deux années devaient également permettre à l État et aux collectivités territoriales de définir la stratégie d aménagement du territoire, pour « mettre fin à des stratégies d implantation anarchiques, favoriser leur sobriété environnementale et optimiser l utilisation d infrastructures existantes ». Débattue en Commission des affaires économiques, la proposition fut rejetée début octobre. PRÈS DE 500 000 M2 EN PROJET Dans son rapport, Delphine Batho soulignait que le leader du e-commerce Amazon totalise actuellement « une vingtaine d entrepôts de stockage en France, représentant environ 560 700 m2 de surface, et compte doubler ses capacités d ici le début de l année 2021, en créant huit à 11 sites supplémentaires, dont six entrepôts mères ». Quatre mégas projets d Amazon ont été autorisés par l État à Augny-Metz (185 000 m2), Colombier-Saugnieu - Lyon Saint-Exupéry (160 000 m2), Senlis (55 000 m2) et Fournès (39 000 m2). Autre poids lourd, Alibaba souhaiterait ouvrir deux entrepôts, dont l un près de Bordeaux. Il serait situé à proximité immédiate du pont du Gard, et consisterait en un espace de 39 000 m2 générant à lui seul un trafic de 544 poids lourds et 2 500 véhicules légers selon les associations. Au niveau global, les plus gros entrepôts induiraient l activité de 1 500 à 2 000 poids lourds et de 4 000 utilitaires supplémentaires par jour, ainsi qu une augmentation du trafic aérien. Mais pour l heure, l action publique ne devrait pas contrer l expansion de la logistique du e-commerce. // AF
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Novembre 2020 #170 Magazine Business Immo | 19