EN COUVERTURE / CLIMAT : L HEURE DU VIRAGE ?
avons en tête le modèle des Opah portées par l Agence nationale de l habitat avec un suc- cès jamais démenti qui actionnent un triple levier, l unité de lieu, de temps et d action », nourrit le président de la RICS France.
Ne pas opposer réhabilitation et construction neuve Les acteurs publics et privés ont tous bien en tête là où il faut agir, en priorité en matière de rénovation de logements : à savoir sur les 17 millions de maisons que compte le parc de résidences principales françaises. Toutefois, comment entraîner et mettre à contribution les promoteurs de logements neufs ? « Pour beaucoup d entre eux, ils se sont déjà emparés de ces sujets, mais il faut faire davantage », répond le président de la RICS France. « L objectif de la mission est de dire comment, sans opposer réhabilitation et construction neuve, rendre ces opérations équilibrées sur le plan économique. » Avec Philippe Pelletier, il réfléchit par ailleurs à demander la levée de certaines lourdeurs du droit de l urbanisme ou complexités fiscales pour « favoriser l implication accrue de ces professionnels ». Dans la méthode, le PBD et la RICS estiment que tout le monde aurait à y gagner en s appuyant sur le modèle d Action cœur de ville. « C est une formidable idée, pourtant si simple, que de proposer à des villes volontaires une action concertée des administrations qui changent leur façon habituelle d agir au lieu de courir chacun dans son couloir et à son rythme. »
Où trouver la main-d œuvre ? Peut-on d un même revers de main pro- téger notre planète du réchauffement cli- matique, réduire les factures des Français et créer des myriades d emplois face à la crise ? A fortiori, c est un grand oui pour le gouvernement à l aube d une crise éco- nomique rude. Si selon l ex-ministre de la
Transition écologique, Élisabeth Borne, « la rénovation des bâtiments va créer des centaines de milliers d emplois », la combi- naison écologie/économie n est pas pro- bante. « Le risque, c est que l on crée de la mauvaise rénovation énergétique par des emplois très peu qualifiés », a récemment déclaré à l AFP l économiste Matthieu Glachant, lequel a travaillé sur l évalua- tion des politiques publiques de rénova- tion des bâtiments. Et d ajouter : « L enjeu, c est d améliorer la qualité. » Plus optimiste, Philippe Pelletier suggère d aller chercher de la main d œuvre dans les filières les plus touchées par la crise actuelle. « Je pense notamment aux métiers de l aéronautique qui comptent des salariés qualifiés et formés aux gestes rigoureux. Ces derniers pourraient venir enrichir la main d œuvre experte des métiers du bâtiment qui, espérons-le, vont devoir recruter. »
Mesures différenciées Si l État et le secteur privé tendent dans un élan collectif à rénover massivement, il leur faudra trouver des process et offres industrialisés. Pour ce faire, Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain, ou encore Claire Waysand, directrice géné- rale d Engie par intérim, sont régulière- ment concertés par le pouvoir exécutif. En revanche, comme le rappelle La Tribune, « l idée d une mesure qui conviendrait à l en- semble du secteur a d ores et déjà été écar- tée » au profit de mesures différenciées sur chacun des segments (tertiaire privé, tertiaire public, logement ). Une partie d entre elles pourraient être adoptées dans le projet de loi de finances 2021 à l au- tomne prochain. C est-à-dire juste après la remise du rapport définitif du Plan bâti- ment durable et de la RICS France, prévue pour septembre. Les débats et tractations risquent d être intenses d ici là
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« Il va s agir de proposer les voies et moyens pour que les professionnels s emploient davantage à investir le champ de la rénovation des immeubles existants »
- Philippe Pelletier, Plan bâtiment durableLire l interview de Frank Hovorka et
Philippe Pelletier
Juillet 2020 #167 Magazine Business Immo | 50