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LE REBOND DES RECHERCHES DE BUREAU

Dans une étude publiée en deux volets, BureauxLocaux a interrogé 300 dirigeants d entreprise en recherche de bureaux à louer ou à acheter avant la crise et 200 agents spécialisés en immobilier d entreprise pour mieux percevoir l impact du Covid-19 sur les recherches de nouveaux bureaux. Six entreprises sur dix annoncent souhaiter relancer leur recherche de bureaux avant la fin de l été. À peine 3 % des entreprises pensent l abandonner. Deux tiers des agents spécialisés en immobilier d entreprise s attendent également à une reprise normale des transactions avant l été. Seuls 6 % prédisent qu elle n aura pas lieu avant 2021. Des résultats qui confortent Sophie Desmazières, la présidente de BureauxLocaux, dans ces observations : « Notre site a déjà renoué avec le rythme de consultation d annonces post-crise. Ne nous trompons pas, les visites physiques, quant à elles, reprennent très doucement. Il ne s agit donc pas encore d un rebond d activité. Toutefois, nous voyons un réel intérêt des

entreprises qui consultent de plus en plus d annonces. » Côté loyers, 60 % des entreprises interrogées s attendent à la stabilité des prix/loyers ou à une baisse très modérée. Les trois quarts des agents immobiliers prédisent également une stabilité ou une baisse modérée des prix (inférieure à 10 %), à la location comme à la vente. « L hypercentralité reste le principal critère de recherche de nos clients au sein des directions immobilières. Si bien que concernant Paris, par exemple, marché surtendu, même une baisse de la demande n aurait que peu d effet sur les prix. Mais les marchés de report en grande périphérie urbaine, qui jusqu ici fonctionnaient très bien, pourraient demain être en difficulté. Et puis, avec le développement du télétravail, de nouveaux marchés tertiaires pourraient se développer dans des villes moyennes situées à 1 h de Paris, comme Tours, Rouen ou Angers », souligne Sophie Desmazières. À ce jour, en tout cas, 60 % des entreprises disent « se préparer à de belles opportunités immobilières ».

Une envie de retour motivée notamment par le besoin de retrouver ses conditions de travail, mais surtout ses collègues. « Les discussions de couloir, le coin café, les cinq minutes à patienter ensemble dans une salle de réunion avant que tout le monde ne soit là, tout cela aussi est utile ! C est d ailleurs bien pour cela qu ils sont favorisés par les nouveaux aménagements. Et puis, dans un espace ouvert, on entend ce qui se passe. En télétravail, il faut aller chercher l info qui n arrive plus à nous naturellement. On perd du temps et de l énergie », déplore Jean-Frédéric Heinry.

Mètres carrés : stop ou encore ? Emmanuelle Baboulin abonde dans ce sens : « Même si beaucoup d entreprises qui ne l avaient pas fait vont introduire le télétravail, la fin du travail au bureau représenterait la mort de la dynamique de créativité et de l esprit d entreprise. C est un point de vue par- tagé par plusieurs de nos locataires des TPE/PME aux grands comptes du CAC 40. » Attention aussi à la perte de créativité, prévient Ludovic Delaisse, directeur général et directeur du pôle Agence de Cushman & Wakefield France. « L immobilier n est pas qu une question de mètres car- rés et d argent. » En filigrane, la question du développement du télétravail en pose une autre. La très pragmatique question du besoin de mètres carrés. Le télétravail fera-t-il chuter la demande ? Là encore, gare aux conclusions hâtives : voici en substance la réponse de beaucoup d acteurs du marché. Ira-t-on vers plus de mètres carrés pour répondre au besoin de distan- ciation ? Ou, au contraire, pourra-t-on rationaliser l empreinte immobilière en favorisant le télétravail ?

Des bases saines « On entend beaucoup de choses ! Mais il faut avoir l honnêteté intellectuelle de reconnaître que nous ne savons pas à quoi nous attendre », avoue Thomas Georgeon. « En 2008, nous savions nous projeter grâce aux expériences passées. Ici, la situation est inédite. » Tout d abord, parce que le marché est entré dans cette crise avec des bases bien plus saines qu à cette période. « Avec une vacance aussi basse, même si une certaine pression à la baisse sur les loyers se faisait sentir à cause des pertes d emploi tertiaire, nous devrions pou- voir l absorber. La sous-offre est une force de rappel du loyer », analyse Charles Ragons, directeur de l asset management pour Primonial REIM. Pour lui, plus que les renouvellements de baux, c est d abord la commercialisation de nouvelles surfaces qui pourrait être concernée. « Surtout que des zones vont être en surproduction », estime-t-il.

Chute du PIB, quid des loyers ? Si l exercice de projection s avère compliqué, c est aussi parce que l incertitude plane sur l évolution des indicateurs économiques « Si nous perdons 10 points de PIB, il y a forcément des conséquences lourdes pour l immobilier des entreprises », prévient Sophie Desmazières, présidente de BureauxLocaux. « L évolution de la situation économique du pays aura un impact bien plus important sur le marché de bureau que le potentiel développement du télétravail ! », estime également Thomas Georgeon. Daniel While, directeur recherche et stratégie pour Primonial REIM, regarde également de près les indicateurs

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17 | Magazine Business Immo #166 Juin 2020