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ET SI LE COVID-19 ÉTAIT UNE MAUVAISE NOUVELLE POUR LE CLIMAT ?

Le confinement de la moitié de l humanité a vidé les villes et gelé les transports, améliorant immédiatement la qualité de l air dans les grandes métropoles. Pour autant, la crise du coronavirus pourrait être une mauvaise nouvelle pour les défenseurs du climat.

Par Gaël Thomas

Paris sans voiture, mais avec un air frais. Déambuler dans une ville fantôme permet de mesurer à vue de nez l impact des activités humaines sur la qualité de l air. Dans l une des premières métropoles européennes, les effets sont tangibles pour celui ou celle qui peut se balader dans les rues désertes. Chaque jour de confinement se traduit par une réduction de 58 % des émissions de CO , rapporte le cabinet Sia Partners qui a calculé que 45 jours de confinement permettront d économiser quelque 145 mégatonnes de rejet de CO  (Mt éq CO ) en 2020 dans l Union européenne. En France, le Haut Conseil pour le climat (HCC) estime que les émissions de gaz à effet de serre ont diminué d environ 30 % pendant les semaines de confinement. Les émissions seraient ainsi réduites d environ 20 millions de tonnes d équivalent CO , soit environ 5 % des émissions annuelles moyennes d ici le 11 mai et environ 45 Mt éq CO  d ici la fin de l année. Tous les secteurs ne sont pas logés à la même

enseigne. Le confinement fait monter les émissions de CO  en provenance des logements, mais aussi des data centers sursollicités par l afflux des conférences en ligne pour ceux qui télétravaillent et Netflix ou les jeux vidéo pour les autres. En revanche, la chute des émissions est conséquente pour l industrie qui les a divisées par trois, ou encore dans le transport (-90 %).

Une catastrophe pour le climat Paradoxalement, l amélioration instantanée des indicateurs de pollution inquiète les spécialistes. « À long terme, cette crise [sanitaire] sera une catastrophe pour le climat », prévient François Gemenne, universitaire à Liège et auteur principal pour le Giec. Pourquoi ? D abord parce que les effets de serre ont toujours tendance à rebondir après une crise. C est déjà le cas en Chine où l activité industrielle a repris en partie. « Le climat a besoin d une baisse soutenue et régulière des émissions à effet de gaz, pas d une année blanche », tempère le professeur qui affirme que quelques semaines de confinement n y changeront rien. Dans une tribune, François Gemenne pointe le risque que les gouvernements réinjectent des milliards dans l économie traditionnelle : « Au lieu d un green new deal, beaucoup préféreront tendre une bouée de sauvetage à l industrie fossile. » C est aussi la crainte du HCC qui exhorte le gouvernement français à placer la transition écologique au cœur de la relance économique. « La France doit mener une relance verte et pas grise », plaide le HCC. Il recommande « l adoption explicite de plans d investissement avec mesures de vérification, et de perspectives compatibles avec la trajectoire bas carbone » dans un rapport remis au gouvernement. Bruno Le Maire, le ministre de l Économie, s est engagé à conditionner les montées au capital de l État dans des entreprises affichant « une politique environnementale ambitieuse ». Sans pour autant donner plus de détails. Quand il s est agi de venir au secours d Air France, l État n a pas conditionné

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23 | Magazine Business Immo #165 Mai 2020

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