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Business Immo : L immobilier peut-il être encore une valeur refuge ? Guy Marty : Aujourd hui, la question n est pas tant de savoir si l immobilier peut être une valeur refuge face à une telle crise, mais plutôt de savoir si cette classe d actifs va souffrir plus ou moins que les autres. Et au sein même de l immobilier, quelle catégorie d actifs sera la plus impactée. Le commerce et l hôtellerie sont gravement touchés alors que le bureau ou le résidentiel semblent mieux préservés. Mais le confinement

marque une nouvelle accélération vers le digital qui va entraîner un nouveau rapport au mètre carré. En particulier, le bureau va devoir une fois de plus s adapter à une baisse de l utilisation de mètres carrés, avec sans doute aussi une augmentation de la demande de surfaces de coworking, plus souples d usage. BI : L épargne forcée accumulée par les Français pendant cette période de confinement va-t-elle se diriger vers l immobilier ? GM : Dans un monde qui n est fait que d incertitudes, les épargnants sont prudents. La situation actuelle donne plutôt raison à ceux qui ont gardé du cash sur leurs comptes courants et qui continuent à le privilégier, comme le montre le niveau de collecte du livret A. Par nature, l investisseur privé n achète jamais quand cela va mal. Et même en sortie de crise, la tentation restera forte de se crisper sur l épargne de précaution. Il faudra un certain temps de latence, celui nécessaire à la reprise de la confiance, avant que les Français ne reviennent vigoureusement sur l investissement immobilier, à commencer par le logement. BI : Vont-ils attendre une baisse des prix ? GM : Je ne crois pas à une chute drastique des valeurs. Certes, les prix vont se dégonfler dans un contexte où il y aura très peu de transactions. Les prix reflètent les volumes de ces dernières. À court terme, il vaudra mieux ne pas être vendeur. Le miracle du marché du logement, c est qu il se fige. Cette paralysie va recréer une forme de rareté qui sera un puissant moteur de soutien aux valeurs dans un second temps. Mais l ensemble du marché

va repartir d un niveau de pouvoir d achat différent que nous ne pouvons pas encore mesurer à ce stade.

EN COUVERTURE / DÉFI N°4 : MAINTENIR L ATTRACTIVITÉ DE L IMMOBILIER

PARIS DEVRAIT CONSERVER LA FAVEUR DES INVESTISSEURS

Avant que l épidémie de coronavirus ne survienne, le marché immobilier parisien avait le vent en poupe. Sacré par JLL premier marché mondial de l investissement en immobilier d entreprise avec 30 Mds$ investis en 2019, la capitale française arrivait cette année en tête du classement des villes européennes les plus attractives pour les professionnels de l immobilier, selon l étude Emerging Trends in Real Estate Europe réalisée par PwC et Urban Land Institute. Est-ce que la situation actuelle pourrait remettre en cause son attractivité à l échelle mondiale ? « Je ne pense pas, car les fondamentaux du marché parisien sont solides, aussi bien d un point de vue investissement que locatif, et la forte baisse d activité locative recensée actuellement devrait être actée au même niveau sur tous les autres marchés internationaux, répond Virginie Houzé, directrice du département études et recherche de

JLL. Aussi, parce que la vague du Covid-19 et ses impacts économiques vont toucher de manière à peu près équivalente toutes les grandes économies, il n y a pas de raison particulière pour que l attractivité intrinsèque du marché français baisse au regard de ses compétiteurs internationaux. » Pour autant, s il estime que la Ville lumière devrait continuer de s attirer la faveur des investisseurs, Bruno Lunghi, Real Estate Leader pour la France chez PwC, met en garde les pouvoir publics sur la nécessité de ne pas perdre de vue les raisons qui expliquent leur regain d intérêt envers la France : « Paris a une profondeur de marché et continuera d attirer les capitaux, ne serait-ce que parce que de grands institutionnels français sont extrêmement actifs, mais il faut impérativement que le contexte réglementaire et fiscal ne soit pas mis à mal par cette crise pour garder la confiance des investisseurs. » //LERL

Guy Marty, fondateur de Pierre-Papier

« Il faudra un certain temps avant que les Français reviennent sur l investissement

immobilier »

connaîtront probablement des temps encore plus turbulents à l avenir. Nous sommes confrontés à une nouvelle réalité macroéco- nomique qui va sans aucun doute entraîner une période de réévaluation stratégique et de réévaluation des actifs  », souligne Lonneke Löwik, la CEO de l Inrev. La plupart des grands gestionnaires d ac- tifs semblent vouloir maintenir leur straté- gie d investissement, à l image de Nuveen qui ambitionne d accentuer son dévelop- pement en France sur la logistique et le résidentiel. « Nous ne sommes pas dans une situation de crise de liquidités comme en 2009. Aujourd hui, nous faisons partie des investisseurs qui ont de l argent pour investir, sous réserve que ces derniers se révèlent perti- nents  », témoigne Christel Zordan, direc- trice générale de Nuveen France. « Il est trop tôt pour spéculer sur l impact total de la pandémie actuelle sur notre industrie, mais je pense qu il est approprié de supposer que l immobilier restera une classe d actifs importante en particulier pour les inves- tisseurs ayant une perspective à long terme », conclut Lonneke Löwik. Les statistiques du 1er semestre donneront un indice de l at- tractivité de l immobilier auprès des inves- tisseurs. Institutionnels comme privés.

Lire l article de Guy Marty « Coronavirus, l immobilier est-il une valeur refuge ? » sur pierrepapier.fr

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Propos recueillis par Gaël Thomas

Mai 2020 #165 Magazine Business Immo | 78