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et de la projection. Climate City débarque aussi sur le marché. Son ambition : aider les villes à s adapter au changement climatique en utilisant les sources existantes et un système d observation conçu sur mesure (avec des drones pour les mesures ponctuelles et des ballons volants pour le suivi continu). Climate City souhaite ainsi recueillir, mesurer et traiter les données climatiques afin de produire des informations complètes pour aider les villes à prendre des décisions de planification optimales. « Il existe aujourd hui tout un catalogue de solutions diverses et variées pour rendre un quartier ou un bâtiment plus résilient. Mais pour savoir quoi mettre en place et où, encore faut-il avoir une vision précise du contexte, des enjeux et des possibilités in situ. Un véritable urbanisme climatique ne verra le jour qu au prix d une meilleure prise en compte des différents contextes à l échelle micro  », estime Clémence Béchu. Ella Etienne-Denoy, CEO de Green Soluce, la rejoint : « Pour établir des stratégies pertinentes, il faut savoir d où l on part et à quel risque on fait face. Or, en matière de risque climatique, l immobilier et la ville sont encore en phase de test and learn sur ces questions. » Pourtant, à en croire Loïs Moulas, les investisseurs spécialisés en immobilier ont déjà dans leurs mains les cartes nécessaires. « Les acteurs qui disposent d un système d information et de modélisation parmi les plus efficaces en matière de risque climatique sont les assureurs. Leurs équipes recueillent et traitent des informations aux quatre coins du globe pour estimer les risques. Or, bon nombre d investisseurs immobiliers appartiennent aux mêmes groupes. Les deux lignes métiers doivent intensifier le dialogue ! Ce qui manque, ce ne sont pas tant les indicateurs et les informations que les stratégies et la volonté d investir dans cette voie . Le problème, c est le décalage entre la temporalité des risques climatiques, la stratégie des assureurs, et celle des investisseurs opportunistes ; il faut concilier les agendas de chacun ! » Et reconnaissons- le, le risque réel à ce jour est très faible en matière d économie réelle. Alors, face aux autres risques financier, réglementaire, locatif, de réputation, etc., le climat passe souvent à l as. Jugé non prioritaire. À court terme en tout cas « Mais les choses changent, souffle Loïs Moulas. D autant que le risque augmente Et surtout, les problèmes liés à la transition réglementaire et à l image finissent par se rapprocher dangereusement La prise de conscience du grand public n a pas fini de faire peser de nouvelles contraintes sur le secteur. » Alors, pourquoi ne pas en faire une opportunité ? Celle d investir dans la construction de la ville de demain. Mais aussi dans l adaptation de celle d aujourd hui aux changements en cours. « Le coronavirus sert de stress test pour mesurer la résilience de la ville en cas de

Stratégie des investisseurs : qui fait quoi ?

Malgré une ambitieuse réglementation française, le marché immobilier prend en compte les enjeux climatiques de manière très hétérogène, car les différents acteurs ne sont pas soumis aux mêmes exigences. L Observatoire de l immobilier durable (OID) fait le point.

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LES ASSUREURS, ROIS DU SAVOIR Si les acteurs de l immobilier sont tout juste en train de développer et tester des outils d évaluation des risques liés au climat courus par leurs actifs, il existe un secteur qui met depuis longtemps des moyens considérables à l établissement d état des lieux et modélisation des risques aux quatre coins du globe : les assureurs. Le géant de la réassurance Munich Re s impose en champion du sujet. Son outil, Nathan, mesure les niveaux de risques actuels associés à 12 aléas climatiques différents, pour des localisations précises, en se fondant sur des données historiques. Et face à l augmentation des phénomènes climatiques et à la somme croissante d objets assurés dans le monde, Munich Re ne cesse d étoffer son réseau d experts en installant sur tout le territoire des spécialistes, géologues, hydrologues, météorologues, afin d affiner le travail en amont. Selon l Argus de l assurance, ce ne serait pas moins de 5 M de budget qui seraient consacrés par Munich Re à ces recherches dans les géorisques chaque année. Un investissement qui se justifie compte tenu des conséquences aussi nombreuses qu imprévues du changement climatique (surconsommation d électricité, manque à gagner sur les voies fluviales en cas de canicule, en passant par la baisse de régime des centrales nucléaires faute de liquide de refroidissement ).

crise. Et si tout le monde va se concentrer demain sur la reprise économique, il ne faudra pas oublier pour autant la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) et les objectifs fixés ! », prévient Loïs Moulas. « Car d autres chocs suivront, avec leurs lots de conséquences multiples et pour certaines imprévisibles », prévient également Ella Etienne-Denoy. « Le changement climatique n est et ne sera pas la cause de toutes nos crises ! Mais il constitue un facteur aggravant de la fragilité de nos systèmes. Ne pas le prendre en compte, c est aborder la prochaine crise avec des œillères. Il faut garder en tête les opportunités formidables offertes par l économie verte ! » Un message également passé par l institut I4C en avril. Rappelons qu à ce jour, les trajectoires fixées par la SNBC pour éviter de plonger dans les pires scénarios ne sont pas respectées L heure n est donc pas à la relâche, mais bien au virage vers le bas carbone. Principalement pour après-après-demain certes, mais de toute urgence.

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29 | Magazine Business Immo #165 Mai 2020

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