Face à la crise, l immobilier mondial fait face

(tant bien que mal)

L impact de la pandémie de Covid-19 sur le marché immobilier mondial ne peut être minimisé. Il ne reste pour l heure que des souvenirs des niveaux de collectes et d investissement records des dernières années. Malgré tout, l activité se poursuit et certains signes encourageants peuvent même être observés. Mais face à la crise et à l épidémie, tous ne sont pas nés sous la même étoile.

Par Luc-Etienne Rouillard Lafond

mais nous sommes bien sûr dans un environne- ment nettement différent maintenant. » À n en point douter, le coronavirus fait désor- mais planer des nuages très sombres sur les marchés immobiliers mondiaux. Dans sa plus récente étude sur le sentiment du mar- ché immobilier mondial, un sondage interne mené auprès de ses responsables de la recherche dans 31  marchés nationaux mondiaux, Savills rapporte que, selon 19 % d entre eux, le Covid-19  a un impact négatif grave sur leurs marchés immobiliers et 74 % un impact négatif modéré. L Europe et l Amérique du Nord, qui subissent actuellement le plus fort de l épidémie, sont les régions les plus affec- tées. Sans surprise, ce pessimisme affecte de manière importante l investissement immo- bilier. Après avoir connu une ascension géné- ralement constante depuis 2008 et atteint des niveaux records de 1 800 Mds$ en 2018 et de 1 700 Mds$ l an dernier, les volumes annuels

mondiaux ont connu en mars une chute dras- tique d environ 70 %, selon un rapport de Colliers International, avec 48 Mds$ investis contre 144  Mds$ en mars 2019. Aussi, les 250 Mds$ investis sur les trois premiers mois de l année représentent le plus faible trimestre depuis 2012, une performance qui devrait se répéter au 2e trimestre 2020 malgré les mesures de réouverture économique tentées dans de nombreuses régions du monde.

L investissement se poursuit En revanche, si l étude de Savills confirme la poursuite en avril de la baisse enregistrée depuis le début de l épidémie, elle observe néanmoins son ralentissement, alors que 44 % des pays n ont constaté aucun chan- gement dans les volumes de transactions au cours de la première moitié d avril. « Il est dif- ficile d avoir une idée précise sur les flux de tran- sactions, mais il est évident que les difficultés

Selon le Capital Raising Survey 2020, publié récemment par l Inrev, l Anrev et le NCREIF, les gestionnaires d investis- sements immobiliers à travers le monde ont levé un volume record de capitaux en 2019, à 201,3 Mds , l Europe s accaparant la part du lion avec 73,3 Mds et l Amérique du Nord suivant avec 50,7  Mds . De plus, 70 % des 159  gestionnaires de fonds rencontrés à tra- vers le monde pour cette étude indiquaient s attendre à une augmentation des activités de levée de capitaux au cours des deux prochaines années. Au vu de la pandémie de Covid-19 et de la crise économique qu elle engendre, il est difficile de croire qu un tel optimisme ait pu être exprimé il y a seulement quelques mois. « Ces résultats reflètent l optimisme général qui régnait dans le secteur de l investissement immobi- lier à la fin de l année 2019, explique Lonneke Löwik, PDG de l Inrev. Nous pouvons tirer de nombreux enseignements positifs de l enquête,

Mai 2020 #165 Magazine Business Immo | 58

EN COUVERTURE / DÉFI N°2 : ÉVALUER LES IMPACTS DU COVID-19